Ca y est, j’ai regardé le film événement de ces derniers jours, Don’t look Up (le premier film digne de ce nom de 2022). La comédie dramatique américaine, exploitée sur Netflix, bénéficie d’un casting cinq étoiles, Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Rob Morgan, Meryl Streep, Cate Blanchett, Timothée Chalamet, Ariana Grande… et j’en passe. Pour ceux qui ne le savent pas, le film est inspiré par l’actuelle crise climatique, qui n’est clairement pas suffisamment considérée par la population de la Terre, dans une transposition, celle d’une comète qui s’apprête à pulvériser l’humanité. Les scientifiques américains, qui tentent d’alerter le gouvernement des États-Unis de l’éminence de la fin du monde, sont confrontés d’une part à la dérision générale puis à la cupidité et la supériorité incarnée ici par le géant du secteur de la technologie qui souhaite tout simplement se faire du pognon grâce aux matériaux rares provenant de la comète, et faisant un pari irraisonnable avec la vie des gens.


Il s’agit donc ici d’une satire, qui déroule l’histoire avec un humour, non pas noir, mais qui fait grincer des dents. C’est vrai que l’on rit, mais on rit plutôt jaune. On est consterné, souvent mal à l’aise. En ce qui me concerne, j’ai même eu mal au ventre lorsque le dénouement approché. L’œuvre est une mise en abyme de notre réalité, de notre présent, grâce à laquelle le public devrait tirer quelques leçons, qui on l’espère seront retenues (mais j’en doute). C’est surtout cela qui nous remue, et qui nous terrorise, pour le peu que l’on se sente concerné par la crise climatique, où l'avenir de nos enfants (notés bien que l'on ne parle plus de nos petits-enfants lorsqu'on emploie cette formule).


Dans cette parenthèse, j’aimerais parler de la crise épidémique qui est un aspect inévitable de cette course vers la catastrophe, elle est un dégât collatéral de cet effondrement annoncé depuis plus de trente ans, dont tout le monde se fout et dont plus personne ne parle (éclipsé par la COVID elle-même). C'est un peu comme si vous bruliez votre maison avec votre famille dedans, mais que vous ne parliez que des meubles qu'il faudra racheter. Aussi la planète entière semble liée et unie dans la lutte contre la pandémie, mais jamais personne n’évoque les raisons qui nous ont valu toute cette merde, alors même que les scientifiques nous alertaient depuis des décennies. Nos modèles de sociétés, la surpopulation, la pollution et le réchauffement climatique sont autant d’incendies que l’on allume et que nous laissons grandir dans notre maison, avec les conséquences visibles qui en découlent et que nous observons désormais. Cela ne doit pas durer, nous le savons, et nous ne faisons rien, aucune pression sur nos gouvernants, nous attendons gentiment que les autres décident pour nous. Aussi, s’il est important d’endiguer la COVID, il est surtout primordial de modifier la société, d’adapter nos consommations, de changer les enjeux et les questionnements politiques (un changement qui viendra du peuple). Mais bien sûr, le peuple préfère se déchirer entre les provax et les antivax, les macroniens et les zemmourien (qui de ce point de vue se trouvent tous les deux à mille lieues de cet état d’urgence), le drapeau européen sous l’Arc de triomphe, bref… vous avez saisi l'idée. On imagine déjà la hauteur des débats à venir pour les prochaines présidentielles. Lorsqu’on est un écologiste mesuré et surtout conscient de l’urgence (voir même conscient de l’inévitable) on ne peut qu’avoir des sueurs froides devant cette absence de traitement de sujet, qui apparait bien entendu essentiel, au-delà de tous les questionnements de société, les problématiques migratoires (qui de toute façon sont inévitables et qui seront bientôt ingérables d'un point de vue humaniste), des interrogations sur le pouvoir d’achat et toutes autres conneries sempiternelles qui font tourner les nations en rond avec des mandats présidentiels qui changent de visages, mais qui se rejoignent tous sur leur politique écologique dans l'inaction la plus totale.


Alors OK, ma parenthèse était un peu longue, mais il s’avère qu’il s’agit du film parfait pour vous partager mes convictions. Je le fais, bien sûr, en total respect avec les avis émis et divergents du mien. Bien sûr, vous l’avez compris, j’ai trouvé ce film fascinant, c’est un chef d’œuvre qui mériterait d’être proposé gratuitement à toute la société tant il s’avère d’utilité publique.


Bien sûr le film est divertissant, c’est un objet d’art, et cinématographique (même s’il ne passe pas au cinéma), mais c’est avant tout un étendard, un acte politique, une bouteille jetée à la mer, et surtout un énième S.O.S. On espère que celui-ci sera entendu, et que le public ne taxera pas ce message de fiction, car c’est bien évidemment exactement ce que nous sommes en train de vivre, décrit avec beaucoup de justesse, un humour désespéré caractéristique de nos esprits malades, capricieux et pourri gâté par l’opulence de notre modèle de société d’ultra-consommation. Nous mettons en avant tout ce que nous avons plutôt que ce que nous sommes, tant et si bien que nous allons bientôt perdre l’essentiel. Évidemment, on me considérera d’alarmiste, de fataliste, avec ce genre de discours, mais je considère que j’ai seulement gardé les yeux ouverts sur ce qui se passe sur Terre. Aussi je préfère le dire, plutôt que de me taire. Je reste parmi mes confrères écolos, qui entreront dans l’histoire comme étant ceux qui se trouvaient du bon côté de la barrière, les éveillés qui s’évertuaient à hotter les œillères des passifs (espérons que dans 50 ans, il y aura encore des humains pour apprendre les erreurs de leurs ancêtres).


J’ai adoré ce film. Un excellent coup de cœur qui m’a mis un gros coup de boule.

Créée

le 3 janv. 2022

Critique lue 55 fois

Casse-Bonbon

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