Rire ou pleurer ?

Ce film avait tout pour plaire. Un casting fort, une thématique importante et intéressante, à savoir la communication scientifique face à un danger identifié (n’aurait-on pas déjà entendu ça quelque part ?). Un réalisateur qui sort de deux grands films que sont Vice et The big short.
Malheureusement, les tares sont trop nombreuses et flagrantes pour réussir ce qui semblait être une bonne idée. Est-il nécessaire de souligner le ridicule que ce film États-Unien soit si auto-centré ? J’entends bien que c’est pour en tirer une critique plus acerbe sur le pays mais étant donnée l’internationalité de la communauté scientifique et des divertissements en tous genre (réseaux [pas] sociaux, télés réalités etc…), ce centrage n’a pas lieux d’être. On pourrait penser que c’est pour mieux se moquer des politiques du pays (Trump méchant bouh), mais c’est sans compter sur l’humour lourdingue de la présidente, incarnée par Meryll Streep, et de son fils, joué par Jonah Hill, qui fait sortir du film à chacune de leur scène ce qui finit par rendre le film grossier plutôt que drôle. Un peu plus de finesse aurait certainement moins desservi le propos et aurait même pu être savoureuse. Mais qu’en est-il du propos justement ?
Le film oppose en permanence la fin du monde aux divertissements, au consumérisme auquel personne ne semble prêt à renoncer. Mais cela est fait avec si peu de tact que ça en devient pénible (et c'est le bobo écolo qui parle): fin du monde, météoritecontre planquelqu'un sur Twitter. Alors peut-être la vraie trouvaille est ailleurs et réside dans la mise en avant du monde scientifique ? Oui, mais non. Ce film est scientifiquement mauvais. Il aurait été intéressant de dire que c'est le nuage de poussière dû à la comète qui plongerait la Terre dans un hiver prolongé et qui nous tuerait. De plus, le choix d’utiliser une comète pour défendre le dérèglement du climat est une mauvaise hyperbole car la collision est un moment brutal, bien défini (ce qui a tendance à créer un mouvement collectif face à un événement précis) tandis que le climat change continuellement sans date butoir. Alors, est-ce finalement la sience elle-même qui importe dans ce film ? Le soit disant Peer review n'est que du pur second plan. La "science" est personifiée par Di Caprio au lieu d'être un processus jamais réellement montré. Et précisément ce genre de personnification pose souvent des problèmes (coucou Didier Raoult).
Finalement, même les acteurs sont décevants. Di Caprio est loin d'être à son meilleur. En règle générale, il lui est souvent reproché de tomber dans le pathos (à titre personnel, je lui voue un culte sans fin). Et il est vrai qu'ici, sa prestation est bien inégale tout au long du film et tombe justement dans ces travers (à sa décharge les dialogues ne l'aident vraiment pas pas touche à Leonardo). Son utilisation comme scientifique corrompu au milieu du film est dangereuse et gênante ! Qu’est-il passé par la tête du réalisateur et du scénariste pour combler un film vide par de telles idées ? Les personnages de Meryl Streep et son «fils » sont trop caricaturaux avec des dialogues vraiment mauvais. Ce manichéisme aurait pu être acceptable si ça permettait des scènes drôles. Hélas, ce n'est pas l'humour mais la tristesse qui vous guette. Seul personnage intéressant : Jennifer Lawrence, en plus de très bien jouer, elle montre la difficulté pour une scientifique de rester impartiale/ de rapporter des faits à des décideurs politiques tels quels et comment réagir face à des décisions qui ne sont pas à la hauteur des faits rapportés. J’ai mis 3 étoiles car le film se laisse regarder bien qu’il dure 2h30.