Une revoyure en demi-teinte. Le casting est assez impressionnant, mine de rien, avec quelques perdus de vue depuis (Chris Rock, plutôt agréable dans le film) et le fameux duo Damon/Affleck qui s'en tire bien. Pas trop aimé par contre la prestation de Linda Fiorentino qui abuse des mimiques. Avec son script, Kevin Smith affiche de hautes ambitions mais il n'a pas les épaules pour être à la hauteur de ses thématiques complexes : je lui reconnais la tentative d'équilibriste entre la charge anti-ecclésiastique et le respect d'une foi plus raisonnée et intime mais il finit par se casser la gueule de part des maladresses scénaristiques (l'évolution très abrupte du perso de Affleck), un montage insuffisamment maitrisé/resserré et un mélange pas toujours heureux avec son askiewverse (Jay et Bob restent sympas mais ils ont un peu de mal à trouver leur place dans le film).
Et puis malgré tous ses efforts pour réhabiliter Dieu, ce(tte) dernier(e) apparait toujours comme une entité sans grande empathie pour ses créatures à qui elle fait connaitre d'impensables tourments (Bartleby et Loki, Azrael) et dont elle s'étonne de constater ensuite la rébellion destructrice.
Une fois tous ces défauts acceptés, Dogma offre son lot d'idées sympas, on sourit régulièrement (la baise à 5 minute de la fin du monde) et puis rarement un film aura été aussi proche d'une adaptation du jeu de rôle Magna Veritas. Même imparfait, difficile de reprocher à Smith d'avoir tenté un truc un peu plus élevé que le reste de son œuvre.