Pour son dernier épisode dans le rôle du Time lord, Peter Capaldi, grand fan de la série depuis sa plus tendre enfance, fait face à la première incarnation du personnage, qui prend ici les traits de David Bradley.


En réalité, bien que le 1rst Doctor ne soit pas réapparu depuis l'épisode the Five Doctors (1983), dans lequel il était campé, non pas par William Hartnell, le véritable 1rst Doctor, mais par Richard Hurndall, David Bradley avait déjà eu l'occasion d'incarner la première incarnation du Doctor, lors d'un fantastique film-documentaire, scénarisé par Mark Gatiss avec qui il partage ici l'affiche, qui retrace les origines de la série : An Adventure in Space and Time. À noter tout de fois que notre bon vieux Rusard incarnait plus l'acteur que le personnage, dans le sens où il s'agissait avant tout de raconter comment la série a été mise sur pied, les conditions de tournage (souvent chaotiques) ou encore la maladie de William Hartnell qui l'a obligé à céder sa place à Patrick Troughton.


Cependant, An Adventure in Space and Time fut l'occasion pour Bradley de jouer également le 1rst Doctor et de révéler à quel point il est capable d'être semblable à William Hartnell : qui d'autre que lui pour pouvoir incarner le 1rst Doctor ? Steven Moffat, qui tire avec cet épisode sa révérence en tant que showrunner de Doctor Who, n'a pas trop eu l'occasion d'hésiter !


Moffat, qui aime tant revenir aux origines de la série, saisit donc cette occasion pour réunir la toute première et la toute dernière incarnations du Doctor. Si le Time lord a déjà eu l'occasion de se croiser par le passé, notamment durant The Day of the Doctor ou The Three Doctors, Twice Upon a Time se démarque car jamais deux incarnations du personnage aussi "distantes" dans la chronologie de la série ne s'étaient rencontrées. On pourrait mentionner ici le sympathique épisode spécial Time Crash, au cours du quel les chemins du 5th et du 10th se croisent, mais, encore une fois, l'épisode de Noël 2017 place la barre un cran au dessus.


D'emblée, il faut souligner le doigter avec lequel la première incarnation du Doctor nous est réintroduite : la transition des extraits de l'ancienne série avec la nouvelle série est parfaitement maîtrisée (on appréciera le "... 709 episodes ago"). Par le simple fait de changer la taille de l'écran et apporter la couleur à l'image, ils réussissent à ramener à la vie l'esprit de la série classique et à nous replonger dans les 1960's ! Sans compter le passement de relais impeccable de Hartnell à Bradley !


Ensuite vient la fameuse rencontre entre le 1rst et le 12th, deux incarnations qui refusent de se régénérer, et ce au même moment, rencontre interrompue par l'apparition d'un soldat de la Première Guerre Mondiale. L'arc de ce dernier, et, par ricochet, celui du Témoignage, ne m'avait pas vraiment emballé durant mon premier visionnage mais c'est en rédigeant cette critique et en revisionnant quelques extraits que j'ai réalisé que cet épisode était plutôt bien ficelé : ici, il n'est pas question de plan diabolique pour envahir ou détruire la Terre (12th se sent même un peu con quand il apprend cela), mais d'un ordinateur, qui peut prendre la forme d'une femme en verre et qui a pour mission de récupérer, à travers le temps et l'espace, les souvenirs des gens qui sont sur le point de mourir afin de conserver les témoignages du passé.


Cependant, au cours du processus, il a renvoyé ledit soldat, qui était donc sur le point de mourir sur le champ bataille, dans la mauvaise time line, après avoir récupérer ses souvenirs, car le fait que deux Doctors se retrouvent au même endroit a des conséquences sur le continuum espace-temps mais surtout parce qu'il s'agit d'un Lethbridge-Stewart : c'est en cela qu'il est spécial aux yeux du Doctor (du moins pour le 12th car le 1rst ne l'a pas encore rencontré). En guise de rappel pour certains, et à titre d'information pour d'autres, le "Brigadier" Alistair Gordon Lethbridge-Stewart était un personnage récurrent dans la série classique qui est apparu, pour la première fois, dans un épisode au côté du 2nd et le Doctor a ensuite travailler avec lui au sein de l'U.N.I.T.. Le personnage avait aussi eu droit a un beau clin d’œil dans le final de la saison 8, Death in Heaven et 11th et 12th ont même rencontré sa fille, Kate Lethbridge-Stewart. Cette fois-ci, il s'agit de son grand-père.


Pour revenir sur les deux Doctors, il est amusant de voir le décalage entre les deux car Bradley ne se contente pas d'incarner le 1rst Doctor, il incarne également une époque. En effet, 12th le reprend à plusieurs reprises en mode "ne dis pas des choses comme ça", notamment lorsqu'il aborde le sujet des femmes (même le soldat acquiesce et glousse) et c'est d'ailleurs à ce moment que Bill Potts, dernière compagne en date, qui est aussi de retour dans cet épisode, est très bien utilisée. Si je n'ai jamais réussi à m'attacher à cette dernière, je dois bien avouer qu'elle permet, elle et son fort caractère, d'apporter un contraste intéressant, et ce à deux ou trois occasions, par rapport à l'idéologie des 1960's que représente le 1rst Doctor.


De plus, j'ai bien apprécié revoir Rusty, le good Dalek de Into the Dalek, car j'ai trouvé que c'était vraiment inattendu, mais aussi revoir Clara. Le fait que 12th retrouve ses souvenirs la concernant m'a bien fait plaisir et est en parfait raccord avec la thématique de l'épisode. Toujours en ce qui concerne les souvenirs (les notre cette fois), on notera la réutilisation de certains thèmes musicaux, notamment ceux de la quatrième saison, tel que le titre Doomsday lors de la très belle scène où 1rst explique qu'il a peur de se régénérer, mais aussi celui de l'épisode Heaven Sent, lors du discours précédant la régénération de 12th (discours qui n'est pas sans rappelé celui qu'il tient lorsqu'il fait ses adieux à Clara dans Hell Bent), ce qui m'a beaucoup fait penser à la dernière scène de 11th qui était accompagnée par l'air The Long Song de l'épisode The Rings of Akhaten. Il y aussi des clins d’œil au premier épisode de Capaldi avec le "deep breath" (titre de l'épisode 1 de la saison 8) ou la scène où Bill dit à 12th qu'il ne la voit pas alors qu'elle est juste en face de lui, qui rappelle le discours que le Doctor fait à Clara à la fin de l'épisode. J'ai également penser à l'épisode New Earth lorsque 12th découvre ce que cherche à faire le Témoignage : au moment où j'ai entendu que le professeur Helen Clay venait de l'university of New Earth, j'ai tout de suite entendu 10th dire "new new new new new earth".


Contrairement à l'épisode de Noël de 2016, The Return of Doctor Mysterio, j'ai aussi trouvé que l'esprit de Noël était déjà plus présent dans Twice Upon a Time (ce qui est un plus pour un épisode de Noël). Surtout qu'ici, cela a une importance particulière puisque l'épisode réussit à utiliser l'armistice de Noël de 1914. De ce fait, même si l'esprit de Noël (c'est le dernier, je vous le promets) n'est pas présent tout le long de l'épisode, on le retrouve à la fin et occupe une place importante scénaristique non négligeable.


Enfin, je dirais simplement un mot concernant la scène de l'arrivé du 13th Doctor, incarnée par Jodie Whittaker : si je reste assez sceptique quant à la décision de lui confier le rôle du Time lord, je suis néanmoins curieux de voir ce qu'elle va donner et apporter, bien que ça s'annonce compliqué étant donné qu'on la quitte en pleine chute, avec un Tardis qui part à la dérive tout en explosant de partout (là encore il y a un air de déjà vu avec 11th (cette fois il s'agit de sa première scène) mais celui-ci n'avait pas vu le Tardis lui filait entre les doigts) : affaire à suivre !


Une chose est sûre en revanche c'est que le Doctor de Peter Capaldi me manquera (particulièrement son sarcasme) : si les trois dernières saisons qu'il porte sur ses épaules sont loin d'être les plus mémorables de la série depuis son reboot en 2005, j'ai pris plaisir à suivre 12th, qui a connu une belle évolution (sans doute la plus marquante) et de très bons moments !


En somme, Twice Upon a Time est un joli épisode, qui manque peut être un peu d'action, mais qui est très bien écrit, qui est porté par un très bon casting et qui nous offre de beaux clins d’œils ! Un épisode hommage, en quelque sorte, qui apporte de la nouveauté en introduisant une femme dans le rôle du Doctor : quoi de mieux pour un fan comme Capaldi pour passer le flambeau ? 8/10 !

vic-cobb

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