Attention, cette critique contient masse de spoilers


Le pari de Mike Flanagan, avec Docteur Sleep, n'était pas des plus aisés.

Premièrement, le scénariste (toujours Mike Flanagan) a dû adapter le roman de Stephen King en étant le plus fidèle possible au matériau d'origine. Rien d'insurmontable, ce n'est pas la première fois qu'un roman de l'écrivain américain est adapté au cinéma ou à la télévision.

Deuxièmement, le choix a été de faire une suite. Au roman The Shining certes, mais aussi au film de Kubrick, bien plus ancré dans les mémoires que le bouquin. Film qui, je le rappelle, possède d'immenses différences avec l'œuvre originale.

Troisièmement, Mike Flanagan a voulu à tout prix raccrocher les wagons entre le film de Kubrick et le livre.

Enfin, et surtout, il ne fallait pas oublier de faire un bon film.

Le pari étant donc pour le moins audacieux... périlleux... presque même impossible, on comprend très vite pourquoi Mike Flanagan a dû batailler avec Stephen King pour pouvoir réaliser le film qu'il souhaitait. Et pourtant, il fut bien plus réussi que je ne pouvais l'imaginer.


Le film ne renie donc pas le film de Kubrick : l'hôtel Overlook n'a pas brûlé, Hallorann est bel et bien mort, et il n'y a pas de différence de traitement concernant Jack, Wendy et Tony. Le réalisateur a ainsi pleinement assumé les choix opérés par Kubrick par le passé et a (ré)écrit le scénario en conséquence.

En fait, la seule différence avec le film de 1980 réside dans l'une des premières scènes du film dans laquelle Danny fait du tricycle dans l'hôtel avant de se retrouver à côté de la fameuse chambre 237. Ce qui est intéressant dans cette dite scène ne concerne pas plus ce qui s'y produit que le choix des couleurs, bien plus chaudes que dans le film de Stanley (clin d'œil, clin d'œil).

En parlant de clin d'œil, Mike Flanagan en fait de nombreux au The Shining de Kubrick... peut-être même trop. Le dernier chapitre se déroulant dans l'overlook hôtel, j'ai par moment plus eu l'impression de visionner un long-métrage conçu pour faire du fan service qu'autre chose.

Que la dernière partie du film se déroule dans l'hôtel overlook, je l'accepte, encore une fois, c'était l'objectif du réalisateur de raccrocher les wagons avec le livre et le film de Kubrick.

Qu'il y ait des clins d'œil, même évidents, au film de 1980, ça je l'accepte aussi

...

Par contre, qu'on soit obligé de me rappeler que la porte des toilettes est la même porte que celle défoncée par Jack à la hache quelques dizaines d'années plut tôt, ça je n'en avais pas besoin.

Que certaines scènes soient reprises plan par plan, non plus.

Idem pour le retour du "redrum".

Je crois que le pire reste tout de même la scène dans le bureau de John Dalton, bureau qui est exactement le même que celui de Stuart Hullman dans le film de Stanley... le seul lien que je vois avec le film étant que la scène concerne là aussi un entretien d'embauche.


Mike Flanagan a tout de même réussi à faire les bons choix afin que l'adaptation soit réussie. Le Nœud Vrai comprend moins d'antagonistes, mais ces derniers se veulent plus menaçants. Le film est sans concession avec ses personnages, n'hésitant pas à en tuer la plupart, y compris ceux qui ne décèdent pas dans le roman :

  • Billy Freeman (interprété par Cliff Curtis, sans aucun doute la plus grosse (la seule ?) erreur de casting du film) se fait tuer par Andi (Emily Alyn Lind) ;
  • Le père de Abra, Dave Stone (Zackary Momoh), se fait tuer par Corbeau (Zahn McClarnon), à savoir Papa Skunk pour ceux qui auraient lu le roman ;
  • Danny Torrance (Ewan McGregor) se sacrifie en faisant exploser l'hôtel à la fin du film, comme son père dans le The Shining de Stephen King.

La boucle est donc bouclée, bien que Docteur Sleep soit une adaptation du roman du même nom, sa fin se veut bien plus proche de The Shining que de sa suite.


Adaptation oblige, certains pans du scénario originel ont dû être mis de côté. Exit donc le lien de parenté entre Danny et Lucy, la mère de Abra. Exit aussi les suspicions autour de la tuberculose qui tuerait le Nœud Vrai dans le roman. D'ailleurs, le Nœud Vrai du film se rapproche davantage d'un groupe de drogués en manque que de la "réinvention" du vampire du roman.

Pour le coup, tant mieux ! Tout ramener à des liens familiaux, franchement, merci mais non merci : le roman n'avait déjà pas besoin de ça, heureusement que ça n'a pas été adapté. Idem pour le Nœud Vrai, le fait que ce sont des "drogués en manque" les rend plus menaçants que de simples vampires qui meurent un à un à cause d'une maladie à la con et que le temps finira par tuer de toute façon.

Pour continuer sur le Nœud Vrai, rien à dire concernant le choix des acteurs et leur interprétation. Gros coup de cœur d'ailleurs pour Carel Struycken dont l'apparition, bien que très secondaire, fait toujours plaisir à voir pour un fan de Twin Peaks comme moi (heureusement que je ne critiquais pas le côté fan service du film plus haut).

En fait, le seul truc qui m'a quelque peu déçu concernant le Nœud Vrai se révèle être la scène de l'embuscade une fois arrivé au deux tiers du film. Autant, je comprends la logique qui est de se débarrasser de la plupart d'entre eux d'un coup, autant je trouve le passage en question pas forcément bien mis en scène et pas forcément très cohérent non plus.


Dans l'ensemble, les acteurs sont tous très bons. Rien à dire de côté-là. Un peu moins fan de la prestation de Kyliegh Curran, mais pour un premier film, elle ne se débrouille pas trop mal non plus.

Bien sûr, inutile de rappeler qu'Ewan McGregor est toujours au top. Gros coup de cœur aussi pour Rebecca Ferguson qui arrive à se montrer vraiment menaçante par moment, en plus de bénéficier de l'une des meilleures scènes du film.


En somme, Docteur Sleep s'est avéré être une bonne surprise. Pas meilleur que le Shining de 1980 certes (mais qui pensait réellement que ça pouvez être le cas ?), ni forcément très subtil, mais un film audacieux qui remporte son pari, qui arrive à raccrocher les wagons entre les livres de Stephen King et le film de Stanley Kubrick... tout en se montrant meilleur que le roman dont il est tiré.

De là à dire que le diptyque cinématographique est plus réussi que le diptyque littéraire, il n'y a qu'un pas... pas que je franchis allégrement.

MacCAM

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