Tarantino Déchainé ( oui, j'ai fait ce jeu de mots de merde, et alors?! )

Tarantino et le western, ce n'est pas une histoire récente. Le réalisateur a toujours particulièrement apprécié ce genre cinématographique, plus précisément celui de Sergio Corbucci ( qui est d'ailleurs le réalisateur du Django originel, qui lui date de 1966 ) qu'il décrit, dans de nombreuses interview , comme les westerns les plus violents et réalistes. C'est de cet aspect que Tarantino a voulu se rapprocher avec son Django Unchained ( pari tenu d'ailleurs ) qu'il qualifie comme « la dernière fausse suite du Django de Corbucci ». En effet plusieurs westerns estampillés « Django » ont vu le jour depuis celui de l'italien. Dont un répondant au doux nom de Sukiyaki Western Django une espèce de western « japonais » mêlant samouraï et pistoleros. La qualité de ce film laisse certes à désirer mais la présence de Tarantino dans le casting fait doucement sourire. Cet amour de Tarantino pour le western se vérifie à travers une filmographie ( très diversifiée ) mais où cet aspect transparait toujours, notamment à travers les thèmes musicaux de films comme Kill Bill. Mais l'œuvre qui, avant Django Unchained , se rapproche le plus du western est sans aucun doute Inglourious Basterds avec le personnage d'Aldo Rain ( Brad Pitt ) surnommé Aldo l'apache ou encore la présence d'un '' Ours Juif '' ( Eli Roth ). Bref vous l'aurez compris, Tarantino est très attaché au western, mais ce n'est qu'au bout de plus de 10 ans de carrière qu'il réalise son rêve et, disons le d'emblée, le spectateur rêve avec lui. Dès l'apparition du titre «Django» en caractères gras et rouges, dès les premières notes du thème Django , emprunté a la bande originale du Django de Corbucci ( les clins d'œil dans ce film sont très (trop dirons certains) nombreux ) le spectateur est plongé dans une ambiance à la fois familière et pourtant si rafraichissante.

On est peut-être surpris de voir Jammie Foxx endosser le rôle de Django mais on s'aperçoit très vite qu'il est quasiment né pour ce personnage. Quel réjouissance, par contre, pour le spectateur de retrouver Christoph Waltz pour jouer un médecin/chasseur de primes ( allemand bien-sûr! Mais moins anti-sémite cette fois-ci ) On déplorera cependant sa voix française tout simplement affreuse comparée à l'excellent doublage qui avait été réalisé pour son rôle de Hans Landa quelques années auparavant. Un film à voir en VO donc, même si, à part pour Waltz, la VF reste correcte pour les autres personnages. La présence de Samuel L. Jackson en serviteur négrier noir fait sourire. Ce rôle représentant l'état le plus bas de la condition humaine lui convient parfaitement. On peut par contre déplorer le rôle, quelque peu effacé, de Leonardo Di Caprio. En effet le personnage de Calvin Candie est beaucoup moins marqué que Hans Landa dans Inglourious Basterds et est remplacé, dans le rôle du «gros salaud» par Stephen ( Samuel L. Jackson ).

Du côté de la bande son on retrouve, comme à l'habitude de Tarantino, des morceaux pris à des artistes ça et là. Il a d'ailleurs littéralement '' dévaliser '' Ennio Morricone. Ce qui est un défaut pour certains est justifié par l'excuse du '' clin d'œil '' par d'autres. Quoi qu'il en soit l'ambiance sonore est sublime et colle parfaitement à l'esprit de l'oeuvre.

Du point de vue de la construction scénaristique on retrouve le découpage en chapitres tellement cher à Tarantino, même si ici il n'est plus marqué par des cartons, dommage. On nous ressert une histoire dans laquelle Tarantino réécrit l'Histoire pour permettre à un peuple jadis opprimé, de prendre sa revanche dans le sang et la violence. Purement jouissif. Malgré cela, l'histoire connaît quelques passages à vide, un peu brouillon, notamment lors de la partie du récit se déroulant en hiver ou, plus gênant, vers la fin où on assiste à une pirouette scénaristique inutile et maladroite, qui ne sert en rien le récit si ce n'est de faire apparaître... Tarantino. En somme la construction s'en sort bien quoique beaucoup moins fluide que Inglourious Basterds ( qui a, il faut le dire, fait un sans faute. )


En bref, un excellent film qui plaira tout autant aux amoureux du western qu'aux fans de Tarantino, et qui prouve, avec le True Grit des frères Coen ( dans un autre style certes ) que le western n'est pas encore tout à fait mort et enterré et que l'on peut sincèrement se permettre de croire à un possible nouvel essor du genre.
Pharcellus
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le 10 mars 2013

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Jean Danner

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