Tarantino aujourd'hui c'est quand même des titres hyper accrocheurs voire raccoleurs et de ce fait incroyablement prometteurs au vu du pedigree de l'idole du ciné US.
Et pourtant...


Death Proof malgré ses fulgurances éclatantes sur le bitume était dilué dans du bla bla de donzelles peu inspirées.
Inglourious Basterds, tout un programme!, souffrait d'un déficit de scènes fortes caractéristiques du genre du film de guerre et/ou de commando et, chose rare chez ce génial directeur d'acteurs, d'un casting mal assorti aux carences criantes (les frenchies, les gamins autour de Brad, Elie Roth en Ours Juif, Mike Myers grimé...).
Voilà que Django Unchained déboule à son tour auréolé d'une image d'ange de la mort sanglante et vengeresse tout droit sortie du western macaroni des sixties: le film tient-il ses promesses ou bien part-il en sucette complètement à l'Ouest avec son pote Blueberry bras dessus bras dessous?


J'ai envie de diviser le film en 3 parties d'inégales longueurs: la première avec l'initiation de Django et le duo improbable qu'il forme avec un beau parleur de chasseur de primes allemand.
L'impression d'assister à une pièce de boulevard bien rôdée, légère et absurde m'a régulièrement effleuré l'esprit tant tout est calculé au millimètre et les situations parfois irréelles dans cet univers atypique: le personnage pompeux de Waltz en serait le roi, Foxx son valet et les méchants de pacotille leurs bouffons.
J'avoue ne pas m'être amusé plus que ça tant la parenté avec Inglourious Basterds et ses accents burlesques est alors évidente.


Le film va alors se durcir, rentrer dans le vif du sujet et la tension monter singulièrement avec l'arrivée à Candyland, objectif ultime de nos singuliers intouchables, et l'apparition de deux belles ordures comme les aime tant le réalisateur et qui manquaient terriblement au métrage jusqu'à présent.
Tarantino choisit ainsi de dévoiler un peu plus toute sa palette en multipliant les situations tendues, les dialogues ciselés ponctués d'éclairs de cruauté et de violence dans le fief-cocotte minute des excellents Di Caprio/Jackson qui se goinfrent et régalent comme jamais.


La dernière partie coïncide à mon sens avec le basculement dans le déchainement de violence longtemps retardé et la naissance d'un héros qui se libère définitivement de ses chaînes, au sens propre comme au figuré.
Alors qu'on pouvait s'attendre à un tsunami d'effets ostentatoires libérateurs et de plans survoltés pour éteindre le feu d'une tension hors normes qui nous consume jusque là, Tarantino se limite à une fusillade sans réelle ampleur et va même brider cette envolée pour (mieux?) redémarrer le mythe Django.
On n'est évidemment pas chez Stallone ou Bay et la patte de l'auteur est reconnaissable entre toutes, atypique et jamais putassière, même si griffer encore plus fort n'aurait pas nuit au spectacle à mon avis.


Au final la satisfaction d'avoir retrouvé le meilleur de son auteur l'emporte sur les attentes pas toujours fondées, le fait de le savoir revenu sur le bon chemin m'a réjoui et rassuré quant au futur.
Le style est parfois dilué mais tout en maîtrise, le bonhomme sait toujours où il va et tient fermement la bride de son petit théâtre ambulant toujours plus aguichant.

Créée

le 11 févr. 2013

Modifiée

le 23 févr. 2013

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Spielburger

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