Avant la sortie de Django Unchained, je m'étais dit "Tiens, et si je voyais le fameux Django de Corbucci avant?". Juste histoire de me la raconter en disant très fièrement que j'ai capté toutes les références que Tarantino a joyeusement disséminées tout au long de son nouveau film (et ça n'a pas loupé d'ailleurs, j'étais trop fier!). Bon il y avait ça mais il y avait aussi le fait que malgré la bonne soixantaine de westerns que j'ai dû voir de ma courte vie, j'ai quand même vu très peu de westerns spaghetti hors Leone. Juste Mon nom est personne et Le vent apporta la violence. Sergio Corbucci m'intéressait depuis un moment mais je n'avais pas encore franchi le pas, c'était l'occasion de le faire. Et autant dire d'entrée de jeu que Django, premier du nom, m'a énormément plu!


Ca commence vraiment fort avec l'entrée en scène d'un personnage comme j'aimerais en voir plus souvent au cinéma. Django, homme solitaire poussiéreux traînant derrière lui un cercueil dans la boue. B-A-D-A-S-S! Franco Nero que je découvrais d'ailleurs ici a une classe monstrueuse, son charisme apporte énormément au film. Il incarne un personnage à la morale bien personnelle débarquant dans une ville tiraillée par un conflit entre une bande de sudistes racistes et une milice mexicaine.
Comme chez Leone, on retrouve ce côté crade que ce soit au niveau des décors et des personnages, mais Django pousse cet aspect-là encore plus loin. Le film atteint un haut niveau de violence graphique teintée d'une dose d'absurde et de réalisme sordide et cru. Ce cocktail explosif rend ce film tout bonnement jouissif. Puis ça tue un peu les codes du western classique. Pas de chevauchées fantastiques, le héros arrive à pied avec son cercueil et une vulnérabilité de façade qui s'effacera très vite dans un océan de violence parfois baroque.


Je regrette cependant que le film baisse parfois en intensité. Quelques passages auraient peut-être mérité un meilleur soin, je pense à l'attaque d'un fort qui est assez banale ou encore à la scène d'évasion qui manque un peu de piquant. Mais le scénario reste malgré tout bien pensé, sans concessions ni scènes superflues. Il y a bien quelques temps faibles mais ceux-ci n'empêchent pas de rendre la narration cohérente. Django m'a donné envie de poursuivre la filmographie de Corbucci et de continuer à voir des westerns spaghetti en général. Crade et jouissif, le film fait preuve d'une technique un peu bancale mais qui tire quand même vers le bon. Les personnages et le scénario sont réjouissants avec en prime une scène finale magnifique qui n'est heureusement pas isolée dans un western qui multiplie les fulgurances. Du très bon western en somme, je n'en demandais pas plus.

Moorhuhn
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le 24 janv. 2013

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Moorhuhn

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