Précédé de sa réputation, Dikkenek laisse coi : il faut dire que le long-métrage d’Olivier Van Hoofstadt porte bien son nom, la verve outrancière et grasse de ses personnages atypiques se retrouvant aussi dans sa narration et rythmique, toutes deux aussi pêchues qu’inégales. Aujourd’hui considéré comme culte, il est surtout de ces objets hautement polarisant, son unicité chaotique exacerbant sa capacité à nous désarçonner de bout en bout.
L’ensemble maintenu par une intrigue des plus ténue fait surtout la part belle à des sketches énervés, la gourmandise symptomatique de Dikkenek pour les dialogues bien sentis (quel euphémisme, d’autant que certains sont « puants ») maltraitant avec constance sa galerie excentrique… et nous avec. Certes, il peut être réjouissant d’assister aux cabotinages en règles de ses énergumènes, au premier rang desquels François Damiens et Jean-Luc Couchard décrochent la timbale, et nous conviendrons que le film sait être drôle parfois.
S’il est d’ailleurs absurde par intermittence, Dikkenek paraît en finalité assez vain : d’une gratuité consommée dans l’abject, le pathétisme de la majorité de ses protagonistes est tel que sa mécanique comique s’essouffle rapidement, à raison de plus que l’absence d’enjeux concrets (ce qui n’est pas un tort en tant que tel) conforte notre impression de vide. Toutefois, il n’est dans les faits pas vide : quoique facile et peu crédible (les affres sentimentales de Stef ne fonctionnent pas), concédons lui une forme de générosité (trop) débordante et, assurément, une originalité expliquant son accès à une relative postérité.
Une anomalie en quelque sorte.