1988: John McTiernan révolutionne le film d'action avec son John McClane, sorte d'électon libre et primitif donnant un visage humain aux héros d'actionner jusque là invincible.
1990: Renny Harlin tente de faire "Bigger, Faster, Louder" et s'il y parvient avec un certain sens du fun il se perd un peu en route et montre qu'il n'a pas les épaules pour faire aussi bien que le modèle écrasant.
1995:le pavé dans la marre: John McTiernan renoue avec le mythe qu'il a créé et livre le film d'action ultime, le pinacle du cinéma de divertissement. Le chef d'oeuvre absolu après lequel on ne peut plus repasser et qui tue littéralement le genre depuis condamné à ne plus pouvoir faire mieux, ou à changer de voie.
2007: John est il apte au service ?

Si l'écart qualitatif entre Die Hard et Die Harder est visible et reconnu on assiste ici bien à un gouffre entre Die Hard with a vengeance et ce Live free or Die Hard dont le simple titre ultra pompeux symbolise ce hiatus.

Car si John McClane est de retour avec ses méthodes pour le moins expéditives et son sarcasme vif on regretta qu'il le soit sans aucun "fuck", pas que ça soit indispensable mais que dans certains situation le vrai McClane en aurait sortit un... d'autant plus étrange que le fameux "Yippee-ki-yay, motherfucker" n'est pas prononcé jusqu'au bout car coupé par l'action et le bruit.... Moment symptomatique d'un McClane New Age aseptisé.
Ne cherchez pas non plus de sang à l'écran il n'y en a pas non plus, même lorsqu'un personnage fini broyé plein cadre: étant bien élevé il n'éclaboussera pas le décor qui restera immaculé... à ce stade là on a un peu l'impression d'être pris pour des cons. Même ce bon vieux John à été rattrapé par le système, aujourd'hui il ne faut surtout pas faire de vague ni cherche à sortir du rang.

En bon mouton sans personnalité Len Wiseman met son maigre talent en oeuvre pour transformer McClane en pute qui plaira aussi bien à Mère-grand qu'au petit neveu.
On essaye d'élargir le terrain de chasse de McClane à toute la côte est et perd au passage les unités de temps et de lieu.
Alors qu'avant tout se passait sur quelques heures pour créer un sentiment d'urgence et ainsi faire accepter naturellement les excès du script on assiste ici a une dilatation temporelle doublée d'un éclatement géographique laborieux (puisque la mise en scène se garde bien de faire une topographie rigoureuse du terrain d'action). Ces choix donnent un faux-rythme plombant au film.
Car Len Wiseman est juste incapable de tenir son récit comme il faut. Là où dans le vrai Die Hard tout s'enchainait dans la même dynamique et la même fuite en avant inexorable, ce quatrième opus n'arrive jamais a concilier ses différents ingrédients: ainsi entre 2 scènes d'actions il a de gros ventre mous, inintéressant (la faute à des personnages secondaires totalement transparents ) cassant le rythme et surtout incroyablement mal réalisés.

Michael Bay a trouvé un élève de choix: Là ou Die hard 4.0 reste à peu prés lisible dans ses scènes d'action (pour un film de 2007 s'entend), le montage archi naze des scènes de dialogues sur-découpées à l'extrême vient rattrapé la mode: A chaque phrase on aura un changement de plan avec de préférence plein de mouvements contradictoires dedans. Un zoom avant sur John sera suivi d'un zoom arrière sur Matt enchainé avec un raccord dans l'axe en travelling latérale etc... Le pire c'est que j'exagère même pas et cet empilement anarchique de mouvements de caméra inutiles aura le don de vous filer la gerbe. Ne pas savoir filmer un simple dialogue est tout de même assez grave.

Les scènes humoristiques nécessite désormais une pause narrative: on bastonne, on discute, on blague, on batsonne.... etc Bref la mise en scène segmente beaucoup trop les ingrédients et ne les fait que trop rarement évoluer de concert: comme un boeuf bourguignon dont on servirai la viande, le vin et le fond de sauce dans des plats séparés et à la suite. Forcément le résultat final n'a plus de saveur.

En résulte un autre gros problème: à force de ne pas inscrire ses rebondissement dans l'urgence du récit l'attitude de McClane devient complètement contradictoire avec les origines du personnage tant les occasions de se barrer sont nombreuses. Pire, il se porte volontaire pour aider achevant de le transformer en un héros lambda et en bon chien-chien de l'Amérique.
Un manque d'audace effarant que l'on retrouve à tous les niveau de l'écriture du film, tel cette séquence où les méchant font sauter la maison blanche... pour de faux. Ouf, on a eu peur mais les belles valeurs de notre démocratie moderne sont invincibles, comme en témoigne les nombreuses bannière étoilés filmés avec complaisance et amour tout au long du film.
A un autre moment on entend notre bon vieux John défendre la politique éditoriale des média de masses type Fox News, il nous explique que sans eux on ne pourrait pas être libre. WTF ?
En plus de n'avoir rien à foutre là ce dialogue trahit, s'il en était encore besoin, le nivellement extrêmement bas du propos de l'intrigue. Le vrai enjeu est bien de sauvegarder les valeurs profondes de l'Amérique.

Bref...
Alors qu'en 1988 on nous offrait Alan Rickman (le meilleur méchant des années 80 point barre ), en 1990 on avait le mythique Franco Nero et en 1995 l'inoubliable Jeremy Irons; en 2007 on a Timothy Olyphant. Ca ne vous dit pas grand chose ? Normal.
Pour cerner le personnage imaginez un peu Bénabar passant son temps à écarquiller les yeux et vous saurez à quoi ressemble ce nouveau Bad Guy... totalement ridicule donc.
Le film est également victime du même syndrome qui frappe tous les films avec des hackers ou des expert en informatique: à la moindre contrariété scénaristique: deux coups de clavier et c'est résolu sans qu'on comprenne pourquoi ils y on pas pensé avant tellement ça parait simple... Les scénaristes ont là les excuses parfaites pour ne pas chercher à faire leur boulot correctement.
Passons sur la lumière immonde sortie tout droit de CSI: Miami qui baigne tout le film, malgré un léger mieux sur les extérieurs lumineux, sinon on va vraiment se fâcher.
On remerciera tout de même Marco Beltrami de ne pas avoir massacré la musique comme il l'avait si bien fait sur Terminator 3, sa contribution est d'ailleurs discrète et on appréciera de reconnaitre le très bon thème de Michael Kamen. Marco t'es gentil mais plus tu te fais discret et mieux ça sonne, étrange non ?

Bon merde c'est mal partit là. Il reste au moins les scènes d'action me direz-vous ? Oui mais surtout non, certaines sont sympathiques et d'autre plus anecdotique.
De toute façon où est l'intérêt de faire des scènes d'action avec des morts par dizaines quand le découpage fait tout son possible pour masquer toute violence à l'écran ?
Au passage c'est quoi cette manie de tout faire voler ? On n'est pas dans Spider-man que je sache. On tombe même dans le ridicule le plus total au cours du final: comme le nullissime Mission Impossible 3 l'année d'avant: on repompe la meilleure scène de True Lies mais en moins bien. La faute à des SFX vraiment pas top et surtout inutile tant la scène ne fonctionne pas et aurait énormément gagnée à être plus simple...
Mais comme avec le numérique on peut faire tout et n'importe quoi bah on se pose plus de limites et on fait... tout et n'importe quoi. Cela donne des scènes nulles et incapable d'impliquer le spectateur. Encore faut-il ne pas être assommé par les scène dialogués laborieuses et d'une vacuité abyssale pour pouvoir s'en rendre compte.

Quelques répliques magistrale sont là pour ponctuer le film mais Len Wiseman, malgré sa bonne foie évidente, n'a tout simplement pas le talent pour tenir son film sur les 130 longues minutes qui le composent. S'il offre quelques moments bien emballés entre deux purges hyper cut on a jamais de moment de génie, jamais de flamme.... S'il signe son meilleur film (en même temps vu sa filmo c'était pas trop dur) il ne signe pas un bon film pour autant. Quand on n'a pas de talent ni de personnalité on peut gesticuler pour donner le change mais ça fini toujours par se voir.

En 2007, de Die Hard il ne reste plus que John McClane, un John McClane bien plus lisse et respectable. Le pire étant McClane, bien propre et pas trop sanguinolent, qui se voit remercié à la fin pour ce qu'il à fait et qui dit merci en retour... Doigt d'honneur ultime à la licence et énième preuve que les instigateurs de ce projet n'ont rien compris à Die Hard.
Non content de trahir complètement la saga Len Wiseman est en plus incapable d'offrir un divertissement de qualité. Lorsqu'on pense que construire une mise en scène se résume à empiler un maximum d'effets de style on ne peut pas aller très loin. Les idées naissent sur le papier mais doivent vivre à travers la caméra, ici on assite à un avortement filmique.
Il fut un temps, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre, où Die Hard c'était des bons films d'action et même des bons films tout court. Que ce temps parait loin aujourd'hui.
Tout fout le camps...
Vnr-Herzog
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le 13 mai 2010

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