Célèbre personnage de bande dessinée italienne (fumetti pour les intimes), Diabolik est néanmoins davantage connu des cinéphiles par le film kitsch de Mario Bava, sorti en 1968. Il aura donc fallu attendre plus de 50 ans pour que les Italiens décident de rebooter au cinéma cette sorte de version transalpine de Fantômas.

Dès le départ, le film frappe par son parti pris. L’intrigue se déroule dans un état fictif, dans les 60’s, et surtout dans une ambiance BD. Voitures, décors, costumes, couleurs et ombres soulignées par la photographie : c’est plutôt du joli travail.

A noter que contrairement à son prédécesseur de 1968, l’ambiance n’est néanmoins pas kitsch et colorée, mais plutôt sombre et épurée. A point que je me demande tout de même si cela n’est pas dû à un budget modéré plutôt qu’à une volonté artistique…

Ca c’est pour les visuels, quid du reste ? Et bien il faut avouer que c’est très décevant !

La faute principale revient au scénario. La difficulté d’exploiter un personnage comme Diabolik, c’est qu’il n’est pas un héros. Même pas un anti-héros : il tue régulièrement des innocents, n’a aucune empathie, et vole pour voler. La version de 1968 compensait cela par une ambiance légère, de l’humour, des fourberies.

Cette cuvée 2021 se prend quant à elle terriblement au sérieux, et tente de se focaliser sur l’acolyte de Diabolik, Eva Kant, incarnée par Miriam Leone. Sauf que son personnage demeure superficiel. Quand les autres ne sont pas du tout élaborés, et restent des figures d’apparat. Mention spéciale à la femme de Diabolik, complètement sous-exploitée.

Tandis que l’intrigue n’est guère brillante. Très bavarde, expliquant tout sans cesse au spectateur, y compris les évidences. Alors qu’elle est finalement très simple, et que les rebondissements ne font que du déjà vus. A ceux qui me diront qu’on adapte ici une BD des 60’s, je répondrai que certaines idées du film étaient déjà dans les Fantômas de Feuillade, tournés dans les années 1910…

Et ça s’étale péniblement sur plus de 2h10 ! Avec en prime une mise en scène peu énergique, et des acteurs très moyens. Si Miriam Leone donne le change, Luca Marinelli est peu convaincant en Diabolik. Trop jeune, trop sec, trop apathique. Il a plus l’air d’un asocial mutique que d’un génie du crime. D’ailleurs il ne participera pas aux deux suites (et oui, ils ont prévu une trilogie !), ce qui n’est sans doute pas une coïncidence.

Je sauverai, outre les visuels, la musique sympatoche façon 60’s. Mais le reste, vous l’aurez compris, est surtout très ennuyeux.

Redzing
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le 12 janv. 2024

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