Devoured
4.6
Devoured

Film de Greg Olliver (2012)

Ces derniers temps, on voit apparaît dans le cinéma de genre une horreur provoquée par un besoin d'argent. Légèrement, dans The House of the Devil de Ti West où une étudiante fauchée accepte un babysitting étrange mais très bien payé et plus encore dans Cheap Thrills, formidable pamphlet sanglant contre l'abus des riches qui s'ennuient de leur fortune en s'amusant des pauvres qui cherchent à garder un toit pour leurs familles.

Ici, il s'agit d'une jeune femme d'Amérique du Sud qui vient à New York pour travailler et collecter assez de sous pour l'opération de son fiston malade. L'ambiance du film étouffe le spectateur : la mère se trouve dans une profonde solitude, dans ce pays étranger, au milieu de parfaits inconnus ; elle n'arrive pas (ou n'essaie pas) de s'intégrer. Elle travaille dans un restaurant très chic, elle y fait le ménage souvent tard le soir. Ses patrons semblent peu se préoccuper d'elle, ils deviennent au bout d'un moment persécuteurs.
On ne voit jamais le jour lors de la trame de l'histoire. Entre son appartement minuscule, les trajets en métro où l'on croise des gens inquiétants et le lieu du restaurant avec ses caves, son bar, son étage, l'escalier à colimaçon... tout est étriqué. La notion du temps se perd dans cet espace qui resserre ses griffes autour de la mère. A cela s'ajoute l'éloignement par la parole : la langue parlée n'est pas la sienne.

Alors, forcément, dans cet isolement exacerbé apparaissent des choses étranges, des sursauts de l'imagination en souffrance. Des hommes, ou bien sont-ce des monstres, des sacs avec une entité qui bouge à l'intérieur, des reflets étranges, des silhouettes perçues par la caméra de sécurité. Est-ce que le restaurant est hanté ? Est-elle folle ?

La réponse est donnée à la fin du film. Les fins explicatives, avec ou sans twists, ternissent en général les films d'horreur - "je ne voulais pas savoir" - ; elles coupent l'interprétation personnelle de tout à chacun. Pourtant, dans ce cas particulier, on peut pardonner car l'explication permet une nouvelle énergie cinématographique au film : elle n'est pas vaine, elle propose quelque chose.
slowpress
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le 8 oct. 2014

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