Plaidoyer vieillot

Comme certains films français des années 70, Deux hommes dans la ville a pris un petit coup de vieux, alors que cette histoire d'ancien malfrat qui échoue dans sa reconversion aurait pu être une réussite, le sujet était d'actualité à son époque, il faut essayer de se replacer dans le contexte de 1973, mais son message de vibrant plaidoyer contre la peine de mort (peu avant son abolition) et contre la réinsertion des délinquants, s'en trouve affaibli par un traitement inadéquat. En effet, José Giovanni verse trop dans le mélo et la caricature, à l'image de la prestation (pourtant remarquable) de Michel Bouquet qui incarne un flic teigneux et sadique qui s'acharne contre le personnage de truand repenti joué par Delon ; pour lui, les truands sont irrécupérables, ils ne sont que des poids pour la société honnête. Ce portrait aurait pu être carrément adouci parce que là, c'est vraiment gros et beaucoup trop manichéen.
Le film se suit toutefois sans trop d'ennui grâce à son interprétation, Gabin y trouve un de ses derniers rôles, et retrouve son partenaire Delon après Mélodie en sous-sol et le Clan des Siciliens, qui compose avec intensité un personnage tragique, mais leur réunion n'est pas si bien exploitée qu'elle aurait dû l'être, c'est dommage ; on remarque aussi Victor Lanoux dans un de ces rôles de salauds comme il en jouait à cette époque, ainsi que des jeunes qui montent comme Giraudeau et Depardieu.