Deux durs à cuire
6.8
Deux durs à cuire

Film de John Ford (1952)

S'ouvrant sur l'image de tranchées dévastées de la Première Guerre mondiale, What Price Glory, adaptation d'une pièce de théâtre déjà mis en scène par Raoul Walsh au cinéma, nous emmène dans le village français de Bar-le-Duc où un corps de militaire s'est établi. Entre camaraderie, rivalité, jalousie, guerre, la vie risque d'être tout sauf calme...


Clairement divisé en deux parties distinctes, l'oeuvre de John Ford nous emmène d'abord au cœur de ce village et mêle comédie et romantisme et étudie l'évolution des rapports entre deux officiers américains qui vont finir par tomber amoureux de la même fille. Alors ce n'est pas toujours très subtil et la théâtralité assumée du film pousse les acteurs à en faire parfois un peu trop mais l'intérêt est toujours là, car Ford s'intéresse surtout aux personnages, des soldats de passages, parfois amoureux mais toujours avec le spectre de la mort et de la guerre derrière, des personnages qui sont incapables d'être sûr de leurs sentiments mais aussi à cette fille du tenancier de bar qui va être pris entre deux hommes différents.


Dans la seconde partie, John Ford met vraiment la guerre en avant mais toujours avec le spectre des personnages qui fuient leurs sentiments. Alors, il ne délaisse pas totalement la comédie mais opte pour un ton nettement plus tragique et met en avant ce sentiment d'absurdité de la guerre. Il n'y a pas vraiment d'héroïsme dans cette boucherie selon Ford mais juste des hommes qui ne souhaitent qu'en finir, il porte un regard tendre et humaniste sur eux malgré leurs défauts évidents (notamment une certaine misogynie).


La réussite du film vient aussi du côté esthétique. S'appuyant sur un très beau technicolor, les couleurs sont magnifiques et superbement rendu à l'écran, mais c'est surtout lors de la guerre en elle-même que cet esthétisme prend tout son sens, provoquant des nuages rouges flamboyants et autres effets de style comme seule ce procédé-là pouvait le faire. Côté acteur, si parfois le sur-jeu est un peu exagéré, ils s'en sortent tout de même très bien et sous la direction de Ford, ils savent retranscrire l'humanité et les enjeux de leurs personnages, notamment James Cagney, Corinne Calvet et Dan Dailey.


Si c'est très loin d'être le John Ford le plus connu (à sa décharge, il est sorti la même année que le remarquable The Quiet Man, What Price Glory n'en reste pas moins une belle et puissante oeuvre, tant dans le fond que la forme malgré tout de même quelques (légères) maladresses.

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le 29 avr. 2016

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Docteur_Jivago

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