Beau comme une sieste

Avant de voir ce film, je m’attendais à ce que tout l’intérêt provienne des dialogues, mais il n’en est rien. L'image que j'avais du cinéma de Marguerite Duras était plutôt celle de voix-off sur longs plans de paysages désertés, mais ce n'est pas le cas ici. Le cadre est habité, et bien investi.
Les dialogues ne sont d’ailleurs pas le point fort du film, et je pense qu’ils ne prennent leur intérêt que dans le jeu des acteurs, un peu déroutant au début mais captivant. C’est ce qui permet de happer le spectateur dans l'histoire -que j’avoue n’avoir que moyennement suivie. Pas qu'elle soit inintéressante, mais disons que ce n'est pas ce qui a retenu mon attention. Même si c'est bien écrit, le texte n’aurait pas d’intérêt s’il n’était pas si bien porté.
Le point fort du film réside surtout dans le cadrage : toutes les scènes sont très belles et on ne voit que ce qu’il faut. Pour donner un exemple, il y a cette partie de carte où un seul des personnages est visible, les autres n’étant signifiés que par leurs mains et les cartes qu’ils tiennent, dans le bas et les coins de l’écran.
Il y a comme un décalage entre le film, les personnages et les acteurs, une distance qui donne l’impression que ces derniers se déconnectent par moments avant de se rappeler où ils se trouvent. C’est un très beau film, calme, et plutôt doux.