Personne n'a le contrôle de la vie et de la mort à part ceux qui prennent des vies en causant la mort.



Dans ce cinquième épisode, la Mort est toujours aussi omniprésente et se déchaîne après qu'un homme est victime d'une terrible prémonition, laquelle permet de sauver ses collègues de l'effondrement d'un pont suspendu. Ce groupe d'âmes innocentes n'était pas supposé survivre, et, dans une course terrifiante contre le temps, ces malheureux tentent frénétiquement de trouver le moyen d'échapper au sinistre agenda de la Mort.


Le premier Destination Finale intervient en 2000 dans un contexte particulier pour le cinéma d'horreur américain. Il se trouve dans une situation précaire où son genre le plus lucratif, le slasher, est en agonie, faute de renouvellements et de nouvelles figures et dont les films sortis à la fin des années 1990/ début 2000 comme Souviens-toi l'été dernier et Urban Legend, qui malgré leur statut de films cultes sont loin d'être bon et coince ce genre dans une direction aseptisée et purement adolescente de ce dernier. Ainsi, ce qui deviendra la saga Destination Finale suite au succès du premier opus se développera en simultané du reste du cinéma d'horreur américain qui, désespéré, préfèrera ressusciter ses plus grandes légendes donnant lieu à des films qui ont profondément déçus et/ou divisés (Massacre à la Tronçonneuse en 2003, Halloween en 2007, Vendredi 13 en 2009 et Freddy : les Griffes de la Nuit en 2010). Mais si cette saga a pu autant se développer dans cette période compliquée pour le genre du slasher, c'est par la nouveauté et la fraîcheur qu'elle apporte à ce genre ô combien codifié et redondant. Ici, vous ne trouverez plus de tueurs iconiques et cools devant la caméra tuant une flopée d'adolescents avant de prétendument disparaître pour mieux se préparer au prochain film. Ici, la menace est invisible et omnisciente et, chose rare pour ce genre de films, n'aura jamais le droit à une origin-story et un background développé durant l'entièreté de la saga. Autre renversement de code : il ne s'agit plus de se demander comment se débarrasser du tueur et qui va survivre mais plutôt comment vont-ils mourir et en restera -t - il au moins un encore debout avant que le générique de fin défile ? La menace est plus indicible et invincible que jamais et le genre renoue avec une violence gratuite et cruelle avec ses personnages qui avait été perdue depuis bien trop longtemps. La saga justifie d'ailleurs sa longévité par sa grande créativité en terme de décès et d'accidents domestiques en tout genre là où les légendes du slasher semblaient être abonnées à la résurrection la plus gratuite qui soit. Ainsi, la saga gagna ses lettres de noblesse et le public et offrit 4 autres films avant de s'éteindre (définitivement ?). Cependant, après ce qui semblait être une énième descente aux enfers de la qualité d'une saga de slasher, un miracle se produisit.


Le cinquième et (pour l'instant) dernier opus de la saga, première réalisation de Steven Quale, acolyte de James Cameron et producteur des effets spéciaux d' Avatar , signe ainsi une renaissance inespérée pour la saga qui marquait déjà des signes de faiblissement avec son troisième opus avant de carrément sombrer avec cet embarrassant 4ème opus.
Tout d'abord, l'accident principal, suivant un magnifique et parfaitement exécuté générique jouant sur la 3D, est impressionnant, renouant avec ceux des premiers épisodes, et fait oublier l'affront qu'était celui du précédent film, molle reprise sans inspiration de celui du deuxième opus. Efficace, sans pitié et spectaculaire, il donne de l'ampleur aux évènements qui se déroulent sous nos yeux et maltraite comme jamais les personnages qui semblent ici bien impuissants face à la situation. Le travail sur la 3D, entamé avec le précédent film, est ici bien mieux géré même si bien qu'imparfait soyons honnêtes. Parfaitement orchestré et prenant son temps pour instaurer la situation et les personnages, il détone avec les précédents films dans sa gestion du rythme. L'ambiance et les enjeux sont ainsi parfaitement installés et la chasse peut ainsi commencer. Et c'est là que le film se révèle définitivement bien surprenant par rapport aux autres : son rapport à la Mort.


En effet, la saga a depuis toujours raconté la lutte désespérée de jeunes adolescents contre la Mort venant les prendre pour rétablir l'équilibre de la réalité. Les voir mourir dans d'atroces souffrances rappelait au spectateur que seule la Mort ne pouvait être défaite et que la réalité n'était pas sous notre emprise de spectateur. Cela accompagnait un regard pessimiste sur l'entrée dans la vie adulte des personnages dans la société américaine et utilisait avec une distance mesurée entre l'humour noir et l'envie de dégoûter la paranoïa qui habite tout un chacun à divers degrés. D'où l'existence de "règles" pouvant déjouer la mort, souvent plus des méprises ou faux espoirs que de réelles solutions. Rare sont les survivants et leur survie était toujours compromise si l'envie leur prenait de revenir dans un autre opus. Cependant, les autres opus ont rapidement abandonné ces thématiques qui étaient en arrière plan et se sont battues pour mettre en scène les morts les plus atroces et créatives possible, du moins jusqu'à l'impasse du 4ème film, incapable de faire rire et choquer et introduisant la saga dans une routine d'un vide abyssale loin de tout divertissement possible, pourtant la base d'intention de toute la saga. Ici, le cinquième film opte pour un désintérêt et un dégoût pour ses propres personnages. Ici, ils sont tous particulièrement détestables et antipathiques (le 4ème film n'arrivait tout simplement pas à les développer) : pourtant adultes, ils possèdent des caractéristiques et clichés archétypaux de personnages d'adolescents poussés à l'extrême. Le public venant pour voir des morts atroces et divertissantes, il est ici servi comme jamais : tout y passe


(gymnastique, acupuncture, dentiste ...)


et la destruction de l'image d'activités pourtant quotidiennes ou perçues comme non-dangereuses est totale, retrouvant l'effet qu'avait provoqué le premier opus concernant les vols en avion. Le film est d'un gore absolu et d'un humour noir inespéré après la débâcle du précédent film donnant une identité particulière à ce film. Le film laisse ainsi sur le bord de la route tout travail d'écriture ou d' empathie pour les personnages revenant à la pure créativité de la mise à mort, essence du slasher et à peine effleurée dans le pourtant très bon premier film de la saga. Le final du film, particulièrement cruel pour les personnages et réjouissant pour les fans de la saga, boucle une boucle que beaucoup ont trouvé bien trop longue avec la satisfaction du travail bien fait.


Ainsi, ce cinquième épisode de la saga conclut cette dernière avec brio, humour et beaucoup de morts, explorant le potentiel comico-gore de la saga tout en allant trop loin pour mieux finir en beauté (comment trouver d'autres idées après ce film ?). Honorant ses prédécesseurs, il rappelle une dernière fois grâce à la présence marquante de Tony Todd, véritablement le coeur de la saga, que la Mort est bel et bien insaisissable et présente à chaque tournant.
Heureux de le savoir ?



J'ai aimé




  • L'accident principal, le plus marquant de la saga

  • Des morts alliant humour et gore très imaginatives

  • Un rythme plaisant et retrouvé

  • Le fan de la première heure est récompensé

  • Une vraie fin à la saga

  • Tony Todd, encore et toujours



J'ai moins aimé




  • Un casting lamentable, même pour les standards de la saga

  • Des effets spéciaux encore en dents de scie

DrOwl370
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films avec les meilleures scènes de mort et RÉTROSPECTIVE 2020 [ FILMS ]

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le 19 déc. 2020

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DrOwl370

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