Désordres
7.4
Désordres

Film de Cyril Schäublin (2022)

Unrueh est un film que j'ai trouvé intelligent dans sa manière d'amener le scénario, dans ces choix de cadrage et dans son rythme. Les actions s'entremêlent avec une douceur et une tension à la fois. Ces deux notions presque paradoxales s'affrontent dues au tempo du temps qui s'écoule dans le scénario et à la lenteur des plans.

Il y a beaucoup de chose à dire sur ce film mais je vais m'attarder simplement sur le refus hiérarchique du "sujet" à l'image et dans l'intrigue.

Chaque plan large ne s'attarde pas sur un seul élément. Iels font le choix de longs plans fixent qui obligent le mouvement du regard du spectateur. Les scènes se déroulent au loin parfois au bord cadre, puis une autre action intervient à un autre endroit dans l'image. Il y a parfois des passages de figurants flous en premier plan de la scène, les acteur sont coupés au cadrage, des éléments flous centrés dans l'action...

Il y a un réel refus d'entretenir une relation entre nous spectateur, et un personnages principal. A mon avis il n'y a pas de véritable héros.ïne. La vallée elle-même est le sujet du film, avec ces frontières invisibles. C'est parfois troublant car le réalisateur joue avec cette ambiguïté de l'invisible.

Notamment avec la relation amoureuse (ou non) qui pourrait naître entre deux personnages. Cette relation est comme en suspens et invisible, il laisse le spectateur s'imaginer ou non de son existence. Plusieurs sous-entendus sans jamais devenir concrets? Le réalisateur nous dupe à plusieurs reprises, par exemple en nous faisant croire que les deux personnages s'observent parfois. Grace à des regards hors cadre et un montage alterné entre les deux personnages. Il fait naître une sorte de fantasme en nous. J'aime cette idée, qu'une histoire d'amour ne soit pas le sujet principale du film, et accepter de sa probable non existence. Je crois que tout ça questionne nos attentes et remets en question notre hétéronormativité de nos imaginaires collectifs.

Plus généralement, l'histoire est très diffuse et flottante. Il y n'a pas de véritable aboutissement. J'aime en particulier le dernier plan avec le seul mouvement de caméra du film. Un panoramique horizontale plutôt lent qui se perdra dans le flou.

CarolineBlondel
8
Écrit par

Créée

le 15 avr. 2023

Critique lue 201 fois

3 j'aime

Critique lue 201 fois

3

D'autres avis sur Désordres

Désordres
Plume231
7

Un temps pour tout !

J'avoue que je n'ai pas compris le délire du réalisateur Cyril Schäublin (le mec a du talent à revendre, il a une patte personnelle intéressante, comme je vais le faire comprendre par la suite, donc...

le 17 mai 2023

14 j'aime

5

Désordres
LeCoqLico
8

Un film calme pour parler de mouvement

Unrueh est un film particulier; Le rythme est très lent, sentiment venant de la longueur des scènes, du peu de coupes effectuées, du scénario qui ne se développe pas vraiment et des langues parlées...

le 17 déc. 2022

10 j'aime

2

Désordres
Cinephile-doux
5

Le temps de l'anarchie helvète

Le zurichois Cyril Schäublin s'affirme comme un cinéaste singulier avec Unrueh qui avait été précédé du très intrigant Those who are fine. Son premier film était urbain et contemporain, son second...

le 27 févr. 2022

8 j'aime

2