Desire
Desire

Film de Eung-su Kim (2002)

Desire (2002) - 욕망 / 85min.
Réalisateur : Kim Eung-Su - 김응수
Acteurs principaux : Ahn Nae-Sang - 안내상 ; Lee Dong-Kyu - 이동규 ; Choi Ban-Ya -최반야 ; Jang So-Yeon - 장소연
Mot-clefs : Corée ; Drame ; Erotisme ; Homosexualité.


Le pitch :
Au sein d'un couple ordinaire, une femme découvre que son mari la trompe avec Kyu-min, un jeune homme prostitué et décide alors de devenir elle-même cliente de celui-ci. Jalousie, domination, désir et haine se succèdent alors.


Premières impressions :
Desire est un de ces films contemplatifs qui ravissent les cinéphiles chevronnés quand la majorité éteindront leurs postes après dix minutes. Un de ces films inconnus que l'on croisera au hasard de nos nuits et de nos ennuis sur Arte, et qu'on ne pourra trouver beau que dans l'état second de trois heures du matin.


Je dois certainement me situer entre le cinéphile et le quidam car il m'aura fallu regarder "Desire" en deux fois. Non pas parce qu'il s'agit d'un mauvais film, au contraire même, mais parce qu'il s'agit d'un film très particulier, disposant probablement de moins de vingt lignes de dialogues en quatre-vingt trois minutes.


Ce grand vide, avare de musique et de parole, cette caméra systématiquement fixe sur chaque scène, donne comme seule arme à son spectateur celle de la déduction, de la projection. Le jeu, lui aussi minimaliste m'a mis parfois mal à l'aise. Qu'étais-je censé comprendre de cette histoire qui prend soin de n'éclairer ni les personnages - dont la plupart n'ont pas de noms - ni les situations. Et puis j'ai compris que ce grand vide était celui que ressentaient les personnages eux-mêmes, tous, sans exception. Celui que ressent la femme trompée, celui que ressent un mari homosexuel qui continue malgré tout à vivre avec sa femme, celui de ce jeune prostitué, objet de désir, de jalousie et de haine, celui de la voisine qui en pince pour ce jeune prostitué inaccessible qui aime les hommes, quand bien même il couche avec des femmes...


Vraiment, ce film est remarquable parce que ce grand vide lui confère une portée universelle où chacun peut y mettre sa propre lecture. Que cherche cette femme en couchant avec l'amant de son mari ? Cherche-t-elle à le comprendre ? Cherche-t-elle à le détruire ? A se détruire peut-être ? En est-elle tombée amoureuse ?


Desire est également un de ces rares films, surtout en 2002, à traiter de l'homosexualité masculine en Corée. Les scènes entre les deux amants hommes sont d'ailleurs les seules à montrer une quelconque passion et un amour profond. Faut-il alors comprendre cette absence de dialogue comme le révélateur d'une absence de discussion dans la société coréenne au sujet de l'homosexualité ? Tolérée tant qu'elle reste sous le tapis des faux-semblant d'un homo qui continue à vivre son couple hétérosexuel sans passion ? Je le pense. Toutefois je pense que le film dénonce également le manque de débat sur la condition féminine en Corée, qui reste, quoi qu'on puisse dire, baignée dans une répartition traditionaliste des tâches. Enfin, j'ai également l'impression qu'il parle de la nécessité sociétale d'être marié en Corée, fusse au sein d'un mariage malheureux. L'impression dis-je, car c'est bien ce qu'offre ce film.


Non disponible en France, ce film vaut le coup d'être trouvé en sous-titres anglais.

GwenaelGermain
8
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Créée

le 20 sept. 2015

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