Niji-iro Hotaru ("les lucioles arc-en-ciel"), film de Konosuke Uda sorti en 2012 au Japon, semble être passé totalement inaperçu et c'est bien dommage.

Sur le fond pourtant, c'est très convenu, même totalement prévisible, au point qu'il est dur de ne pas trop en dévoiler. Yuuta, jeune collégien, chute malencontreusement et se retrouve propulsé en plein été 1977, au sein d'un petit village lové dans les replis gras des vallons boisés du Japon, enrobé du grésillement entêtant des cigales et rythmé par les festivals estivaux en yukata traditionnel. Bien sur, Yuuta va très rapidement se lier d'amitié avec une fille et un garçon de son âge. A partir de là, le films brasse tout à la fois des ambiances, des ressorts et des thèmes extrêmement usuels dans l'animation nippone : principalement la question du deuil et de l'amitié tandis que le village lui-même est condamné à être submergé par un barrage. Classique.
On pense au travail de Mamoru Hosoda, à « Souvenirs goutte à goutte », plus récemment surtout à «A Letter to Momo» et « Colorful » qui sont thématiquement encore plus contigus. Mais aussi, il est vrai, un peu, au Kore-Eda d'After Life et de I Wish.

Par contre, c'est sur la forme que le film se démarque avec un magnifique style directement inspiré du sumi-e, peinture japonaise traditionnelle, aux épais contours à l'encre noire en pleins et déliés mais qui jamais n'étouffent les couleurs vives, vibrantes. (L'histoire de la Princesse Kaguya d'Isao Takahata semble, soit dit en passant, prendre une direction artistique similaire, déjà visible dans les voisins Yamada) Un trait au service d'une animation fluide, en constant mouvement, presque liquide, qui rappellera aux aficiondos les plus osés mouvements de Maasaki Yuasa – plus particulièrement ceux de l'excellente série Kaiba. Shinya Ohira (Animatrix, Le Château Ambulant, FLCL, A Letter to Momo) a également signé deux séquences, bien évidemment visuellement à part mais pourtant déterminantes. L'ensemble se voit soutenu par une bande-sonore qui, sans atteindre des cimes d'exaltation, sait se rendre efficace et ourler l'émotion.


Face aux ténors du genre, ceux qui nous parviennent jusque dans les salles françaises, bien sur, Niji-iro Hotaru pourra paraître parfois cheap techniquement, souvent un brin maladroit dans sa narration et totalement balisé à quiconque ayant déjà vu des films japonais ou ne serait-ce qu'un ou deux animes mais il possède cette douce sincérité, cette fraicheur immédiate, ce caractère visuel affirmé qui le rendent attachant, touchant et donnent envie de hisser la note.

Le trailer : http://youtu.be/-JDm9yvEvvM
Nushku
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le 9 avr. 2013

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Nushku

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