(Critique de 2011 remaniée)
Je ne sais pas si c'est pour soutenir la moindre petite tentative de cinéma de genre en France ou la simple perspective de voir Laeticia Casta en relief mais je me faisait un devoir d'aller au cinéma pour voir Derrière les Murs, premier film français en relief 3D réalisé par Pascal Sid et Julien Lacombe et ceci en dépit de nombreuses critiques assez sévères y compris dans la presse spécialisée comme dans Mad Movies.


Derrière les Murs raconte l'histoire d'une jeune femme écrivain qui vient se réfugier dans une immense maison de campagne afin de retrouver l'inspiration après la mort de sa fille. Peu à peu la jeune femme est victime de terribles visions qui lui servent toutefois d'inspiration pour écrire. C'est alors qu'une jeune fille du village disparaît mystérieusement...


Si Derrière les Murs n'est objectivement pas une totale réussite ce n'est pas non plus la purge à laquelle de nombreuses critiques aimeraient nous faire croire comme malheureusement trop souvent dans le registre du cinéma de genre français Derrière les Murs est juste un film moyen manquant surtout franchement d'audace à totalement investir le genre. Car commençons par ce qui plombe le plus le film à mon sens c'est à dire sa fin assez ridicule qui vient totalement désamorcer l'univers fantastique et surnaturel mis en place durant tout le film. Pascal Sid et Julien Lacombe semblent aborder le genre du bout des doigts pour finalement livrer un film fantastique qui se chercherait une pseudo respectabilité à ne pas l'être. On se demande parfois si les deux réalisateurs ne se sentent pas plus concernés par la reconstitution pittoresque de la campagne française d'après guerre (assez réussie d'ailleurs) que par l'univers purement fantastique du film. Du coup le film se perd souvent en digressions et sous intrigues sans grand intérêt oubliant visiblement le cœur même du sujet et les choses pour lesquels certains spectateurs comme moi auront payer leur place de cinéma. Il est fort respectable après la vague de films horreur français bien gore et teigneuse de revenir vers un fantastique plus classique hérité de la Hammer et très inspiré par le cinéma de genre espagnol, encore faut il aller au bout des choses et totalement investir le genre.


On pourra également regretter le manque flagrant d'audace d'une mise en scène que l'on hésitera à qualifier de classique ou paresseuse et qui utilise le relief et la 3d de la manière la plus anecdotique qui soit. Aucuns effets sortant, très peu de profondeur de champs et quelques contre plongée c'est vraiment très peu pour un film basant une bonne partie de son argumentaire publicitaire sur le fait que Derrière les Murs soit le premier film français tourné en relief. On peut encore une fois se réjouir de voir un film posé et très classique n'utilisant pas la shackycam hystérique et le sur-découpage tout en soupirant devant l'impersonnalité d'une mise en scène digne d'un beau téléfilm. Niveau direction des acteurs Sid et Lacombe s'en sorte plutôt bien offrant à une Laeticia Casta des plus convaincante un très joli rôle, en revanche Jacques Bonnafé est lui plus proche de la caricature dans son jeu et son accent de bon campagnard.


Mais Derrière les Murs possède aussi deux ou trois jolies petites choses à défendre à commencer par une volonté d'ancrer le fantastique dans une culture et un « folklore » typiquement français tout en revenant vers l'univers d'un cinéma de genre basé sur les ambiances et les traumatismes des personnages plus que sur l'effet choc. Derrière les Murs lorgne donc plus vers des films comme Les Autres ou L'Orphelinat, vers une ambiance d'horreur gothique plus que vers la surenchère d'effets graphiques ce qui est déjà une petite qualité en soit. Après il ne suffit pas de faire se promener son actrice avec une lampe à pétrole dans une maison lugubre pour faire du Alejandro Amenabar. Mais bon, Pascal Sid et Julien Lacombe parviennent le temps de quelques scènes à créer un petit climat de frisson et de peur à travers des moments, certes très classiques dans leur mécanique, mais aussi relativement efficaces dans la tension. La scène de la baignoire malgré les rats en CGI un peu grotesques ou encore le moment ou Suzanne (Laeticia Casta) se réfugie sous les draps après avoir aperçu deux silhouettes de jeunes filles au pied de son lit sont de vrais jolis petits moments de fantastique. Laeticia Casta est aussi une jolie surprise offrant beaucoup d'épaisseur et surtout de fragilité à ce personnage de femme traumatisée par la mort de sa fille.


Derrière les Murs est donc une demi satisfaction et une nouvelle fois le cinéma de genre français accouche d'un film bien loin des espoirs que l'on pouvait fonder sur le projet. Le film de Pascal Sid et Julien Lacombe n'a rien de déshonorant et rien de formidable; comme un énième coup dans le vide. On pourra donc une nouvelle fois descendre une tentative ratée de cinéma de genre ou se dire qu'un seul Derrière les Murs est toujours plus respectable que cent comédies insipides. Alors pourquoi pas regarder derrière le mur, même si il n-y a objectivement pas grand chose à voir

freddyK
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le 5 nov. 2021

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Freddy K

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