Ô gentes demoiselles retenez de ce film la leçon : si vous entendez parler d'un homme impuissant mais qu'il a un gun, courrez-lui après : c'est le serial baiseur du village.
Allez-y, dites-le : ça vous met l'eau à la bouche. J'ai toujours été félicitée pour mes accroches.
Dellamorte donc, qui en a comme des melons (je veux ouais) et qui s'amuse à touche-pipi sur les tombes avec une bombe (vous noterez, je l'espère, le subtile jeu de mot entre bombe et tombe) ; et comme toute bombe, elle est un peu vulgaire et expose ses seins (comme des pastèques, parce que les melons étaient déjà pris). Plans nichons? Nanard?
Quels blasés vous faites, vous n'y êtes pas du tout : c'est un petit bijou que ce film. On s'y ballade au milieu d'un petit cimetière à la Coppola, gros grains de pellicule et tout, pendant la journée. Et la nuit, on part zieuter du côté d'un gothique à l'américaine : nuit éclairée par des spots subtilement placés et un brouillard aussi épais... qu'un truc épais. Les décors sont clairement un des points forts, qu'on soit dans la masure rouillée de l'ingénieur (non pardon il n'est pas ingénieur mais fossoyeur), dans l'allée principale du cimetière (grille rouillée et feuilles d'Automne, c'est un peu un domaine viticole de Bourgogne), sur la place principale du village ou dans un hôpital à l'escalier plus que graphique.
Mais on n'est pas venu ici pour parler architecture. Quid de l'histoire? Un mélange subtile entre amour et mort (Twilight n'étant pas encore passé, le sujet a de la noblesse) qui donne l'occasion d'aller bousculer vivants et morts, chair rosée ou putréfiée dans un grand carnaval macabre jamais dépourvu d'un gramme de poésie (à défaut du Chanel n°5).
Ça fuse dans tous les coins, le désir, le dégoût, le néant, l'obsession : l'homme, c'est une sale marionnette mais ça reste la plus intéressante des créatures. Si vous en doutiez, les lucioles sont là pour le rappeler.
Très bonne prestation que celle du sieur Everett (prestation que même la VF ne vient pas détruire - c'est dire) tout comme celle d'Anna Falchi qui, à défaut parfois d'être subtile, n'en est pas moins touchante -une allusion graveleuse est cachée dans cette phrase, sauras-tu la retrouver?. Gna (non, ça n'est pas son prénom, mais c'est bien de demander, je vois que vous suivez) est imposant et franchement c'est encore ce qui lui va le mieux.
Quand à l'image en elle-même (vous savez que ça me tient à coeur), c'est la découverte de l'année : un vrai don de la vision qui vient se substituer à la fiction avec lyrisme sans jamais tomber dans le niais. Union parfaite des corps au décor, et ces milliers de parasites (feuilles, neige, brindilles, fleurs) qui investissent la scène pour la faire virevolter (Scorsese dans Shutter Island n'a rien inventé). Il y a chez Soavi un véritable talent pour l'esthétique, les tons, les formes, les mouvements, tout se répond avec une harmonie qui force le respect.
Ceci sans compter l'ultra-référence qui en appelle à tous les genres : L'Inconnu, Vertigo, Le Rouge et le Noir (sisi la famille) pour les plus évidents.
La preuve que manque de moyen peut signifier plus souvent manque de résultat que manque d'idées.
On y boit, on y baise, on y parle (les dialogues sont dingues), on y assassine : c'est ce qu'on appelle le bigger than life.
lultrafame
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le 7 oct. 2011

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lultrafame

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