En pleine nature, personne ne vous entendra crier

Un survival classique à tel point qu'il est devenu une référence du genre. On ne suit pourtant pas un groupe d'adolescents décérébrés dans une maison hantée mais des trentenaires accomplis voulant descendre une rivière en canoé.

Sur un panorama du futur théâtre des événements les voix-off de nos quatre compères décrivent la situation. Le premier contact avec les autochtones pose les bases des futures oppositions, d'un côté des citadins arrogants et de l'autre des rednecks étranges.

Dans cette intro Boorman reprend les ficelles du fantastique ou du film d'horreur en dépeignant un environnement intrigant voire hostile. On retrouve aussi le thème du franchissement d'une forêt comme symbole de la frontière entre nature et civilisation.

Les scènes bien qu'attendues sont bien amenées même si certaines facilités sont nécessaires comme la fuite du redneck édenté qui fera peser une épée de Damoclès sur le reste du parcours. C'est durant cette scène que tout va basculer, elle sert d'élément perturbateur mais aussi de point de non retour.

Précédemment la régression à l'état sauvage demeurait abstraite, le comportement intrépide de Louis était moqué par les autres qui le comparaient à Tarzan. Suite au meurtre ça devient concret et les protagonistes ne peuvent qu'accepter la situation quitte à envoyer bouler leurs idéaux.

Boorman prend plaisir à inverser les rapports de force en obligeant les citadins à lutter avec un arc et des flèches contre des fusils. Le personnage de Louis l'aventurier est également remis à sa place en devenant ironiquement le fardeau qui ralentit les autres.

Le hors-champ est un élément important du film alimentant le suspense sur les dangers qui couvent sur la rive notamment dans la seconde partie du parcours avec le sniper invisible. Le bruit des cascades fait aussi office de hors-champ sonore en couvrant les coups de feu et en rythmant les scènes périlleuses.