Femme, juste une femme et c'est déjà beaucoup

Une ode aux femmes, à leur beauté et pas à LA beauté, les femmes dans leurs différences, avec leurs faiblesses et pas cette tendance ''féministe'' moderne où il s'agit de montrer la femme comme parfaite et place cette image à la fois comme inaccessible et donc comme fléau. Leur faiblesse les rend humaine. Là, notre héroïne doit réapprendre à s'aimer après avoir vaincu la cancer dont elle craint la récidive, et c'est un véritable parcourt de la combattante que nous montre le film avec ces scènes où plusieurs femmes, qui n'osaient même pas se regarder dans le miroir, se transforment peu à peu en femmes assurées de leur image, d'elles-mêmes, passent du statut de malade à celui de guerrière, mais une guerrière ordinaire, quotidienne.

Le détail gênant, et on pourrait y voir davantage qu'un détail, du film c'est que si il n'y avait pas le personnage masculin, interprété par Kassovitz, pour venir séduire Lucie, il n'y aurait peut-être pas d'avancée dans l'image qu'elle a d'elle-même. Bien sûr, ce n'est pas seulement par le regard qu'il lui porte qu'elle se sent à nouveau maîtresse de son corps, qu'elle se reconnaît dans cette chair qui lui était devenue étrangère, mais il semble bien que c'est le personnage masculin qui lance le processus car le film débute avec cette rencontre, et cette rencontre pose tout de suite le désir évident que cet homme a de vouloir connaître cette inconnue qui se sait moins belle que sa sœur et qui se dévalorise.
Mais si il lance l'étincelle, ce n'est pourtant pas lui qui lui fait accomplir tout le chemin, mais bien elle qui saisit l'étincelle pour souffler dessus et en faire le feu qui la fera irradier. Il est ce que Hume a été à Kant.
Concernant les personnages, Kassovitz donne corps au parfait séducteur, le Don Juan dans toute sa grâce. Il sait comment séduire les femmes, ne s'en cache pas, s'en vante un peu, s'arrête toujours avant que cela ne devienne lourd ou pénible, et prend son mal en patience devant les résistances, nombreuses, de celle qu'il convoite, Lucie. Du moins, quand il ne se comporte pas comme un salaud en lui demandant pourquoi elle vient chez lui si ce n'est pas pour baiser.
Quant à Lucie, incarnée par Florence Foresti qui délaisse le temps d'un film l'auto-dérision latent qu'on lui connaît habituellement, c'est le doute faite femme. Si elle se regarde sans arrêt, ce n'est pas pour s'assurer de sa beauté, mais bien plutôt pour s'assurer qu'elle ne l'est pas, belle. Et c'est là que réside la force du film, dans son personnage principal. Il n'est nullement question ici de nous donner à voir un laideron qui deviendrait une vraie bombe et serait incarnée par une Angelina Jolie ou autre. Non, nous avons une femme qui n'est ni belle ni moche, par une actrice qui se fait connaître par son humour et non par sa beauté, qui ne cesse de se plaindre sans tomber dans la pleurnicherie permanente mais nous fait nous attacher à elle, d'autant qu'au fil du film, on voit l'évolution aussi bien psychologique que physique de Lucie. J'ai dis que le film ne nous donnait pas à voir une bombe à la fin du film, et c'est vrai, même si une évolution est tout de même visible, mais cette évolution n'est rendue possible que parce que Lucie se sent reprendre confiance en elle et grâce un coup de liner, et le tour est joué.

LauraThomasse
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le 9 mars 2020

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Antigone Ripley

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