L'âge de glace.

L'histoire du cinéma est en soi passionnante qu'elle est toujours en construction, et qu'on découvre toujours des vestiges d'un passé au fond récent, car le 7eme art est né à la fin du XIXe siècle. Dans la petite ville de Dawson, située au Canada près de l'Alaska, des centaines de bobines furent découvertes au fond d'une piscine gelée en 1978, et grâce aux conditions climatiques, ont été relativement préservées du temps, du feu (à cause des pellicules nitrate), et de l'histoire de cette ville. On voit ainsi plusieurs courts-métrages, photos et actualités sur la naissance de cette ville, issue de la ruée vers l'or.

Il y a quelque chose d'hypnotique à voir ces film sauvés de l'oubli, pour la plupart restaurés, quand ce ne sont pas les ravages du temps qui altèrent pour toujours leur image. A travers ces deux heures, c'est à la fois la création de Dawson, et le cinéma qu'on voit naitre à la fois ; cette ville est née de la ruée vers l'or, où il y a aura pas moins de 40000 habitants au début du XXe siècle, avec énormément de magasins, d'habitations, et des activités comme des casinos, des cinémas et même des bordels. Le gisement étant plus rare en or, les gens vont déserter la ville peu à peu, et les habitants restants vont continuer à développer des activités comme le cinéma où les studios ne prenaient pas la peine de réclamer les bobines. C'est alors que, débordée par l'amas de pellicules, les responsables des cinémas jetaient soit ces films dans le fleuve Yukon (on se souciait peu de la pollution à l'époque), soit ils les brulaient, soit ils les stockent dans la bibliothèque ou alors ils seront enterrés au fond d'une piscine impraticable, et que le temps va conserver du fait des fortes températures négatives.
On voit la ville se dépeupler peu à peu, jusqu'à avoir moins de 100 habitants au début des années 1950, et tout ça grave à des archives saisissantes, avec une formidable musique de Alex Somers qui rend hommage au cinéma muet.

Il y a peu d'interventions, essentiellement au début et à la fin, mais tout le reste est comme un documentaire muet, remarquablement monté, et qui est comme un voyage dans le temps où on remonte plus d'un siècle en arrière.
Sorti en 2016 aux Etats-Unis, ce formidable film n'est sorti chez nous que quatre ans plus tard, et je ne peux que le recommander comme un appel au voyage.