Enfant de la Nouvelle Vague, Christophe Honoré mêle l'émotion et la légèreté dans son troisième long-métrage, porté par les désarrois, l'un criant, l'autre passé sous silence, de deux frères (Romain Duris et Louis Garrel, tout simplement fabuleux).

L'éloge de la tristesse. Voici ce que nous propose Dans Paris à travers la journée d'une famille déglinguée. Paul (Romain Duris) vient de rompre avec Anna (Joana Preiss) avec laquelle il a vécu, subi même, un amour passionné et destructeur. Le cœur meurtri, il revient vivre (survivre plutôt) à Paris, après une escapade en province, dans l'appartement familial. Son frère, Jonathan (Louis Garrel), butine la vie, passe d'une fille à l'autre et erre dans les rues de la plus belle ville du monde. Leur père (Guy Marchand), meurtri par la séparation avec leur mère, est dépassé par ses enfants.
Avec subtilité et magie, Christophe Honoré passe d'un sentiment contraire à l'autre. Les déclarations d'amour prennent la forme d'insulte. Les silences et les regards remplacent de longs discours. On est embarqué dans ce tourbillon d'émotions. Rires et tristesse se mélangent, se complètent.

Romain Duris (L'Auberge espagnole, De battre, mon coeur s'est arrêté) prouve une nouvelle fois qu'il est devenu une valeur sûre du cinéma français. En incarnant un jeune homme introverti, il ne fait pas appel, pour la première fois, à son énergie et sa nervosité, mais plutôt à un jeu tout en subtilités. Le réalisateur l'avait prévenu : «Tu vas être une pierre posée au milieu du film. Tu ne diras pas grand-chose, tu seras comme abandonné. Ce n'est pas toi qui seras le carburant de la fiction mais tu en seras l'origine». Test parfaitement réussi pour Duris.
Le moteur du film, c'est Louis Garrel (Les Amants réguliers). Tchatcheur, dragueur, extraverti... Irrésistible. Au milieu de tout ça, on (re)découvre Guy Marchand, que l'on avait pas vu avec une telle prestance et une telle force depuis longtemps.
Dans Paris, qui avait fait sensation à Cannes (le film était présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs), est un véritable bijou du cinéma français. A voir absolument.
Aede
9
Écrit par

Créée

le 29 juil. 2010

Critique lue 853 fois

7 j'aime

1 commentaire

Aede

Écrit par

Critique lue 853 fois

7
1

D'autres avis sur Dans Paris

Dans Paris
Yellocrock
5

Une poétique dépréssion.

Christophe Honoré est ce qu'on appelle un auteur total dans le cinéma français. Un réalisateur qui fait table rase des conventions narratives pour proposer des œuvres radicales, très insaisissables...

le 29 mai 2014

10 j'aime

Dans Paris
pbdh
2

Critique de Dans Paris par pbdh

J'aimerais surtout savoir pourquoi les gens aiment en fait... j'ai dû rater un truc, passer à côté de l'étincelle de génie dégagée par ce film ou quelque chose comme ça. Je me suis juste ennuyée d'un...

Par

le 20 juin 2010

9 j'aime

2

Dans Paris
Fritz_Langueur
9

Original et cabotin

« Dans Paris » est un film bien ancré dans notre époque qui ne néglige pas pour autant le regard sur un passé perdu dont la modernité frappe encore… Dans son troisième film, Christophe Honoré nous...

le 11 sept. 2014

8 j'aime

Du même critique

Molière
Aede
7

Le bonheur imaginaire

Grâce à une histoire malicieuse et des acteurs épatants, Molière nous offre un divertissement léger et intelligent à la fois. C'est rare. Le seul nom de Molière évoque une des plus grandes richesses...

Par

le 26 juin 2010

12 j'aime

Indigènes
Aede
8

Critique de Indigènes par Aede

En abordant humainement une page oubliée de l'Histoire de la seconde Guerre Mondiale, Rachid Bouchareb signe une œuvre incontournable portée par des comédiens au sommet de leur talent (reconnus par...

Par

le 29 juil. 2010

11 j'aime

2

Mon nom est Tsotsi
Aede
8

Poétiquement incorrect

Lauréat de l'Oscar du meilleur film étranger de l'année 2005, cette œuvre pleine d'émotions contradictoires nous plonge dans l'univers étouffant d'un jeune voyou. Plein de rage exprimée et d'amour...

Par

le 26 juin 2010

11 j'aime