Requiem pour un flamand rose
Werner Herzog poursuit son exploration de l’Amérique, son americana à lui. Avec un itinéraire parsemé de films inégaux, de documentaires, d’expériences parfois extrêmes, mais toujours nickel esthétiquement. Il faut reconnaître que c’est beau. La photo est travaillée à cœur, avec une palette de couleur digne d’une publicité en tons pastel, des plans vaporeux, colorés, un vrai tableau hyperréaliste acide. Beaucoup de flamands roses. On voit un élevage d’autruches( ?) Une Californie artificielle qui fait rêver. Une lenteur de sénateur. On a l’impression d’être sous une drogue quelconque. Un monde tout simplement flatteur, ça donne envie d’y aller, en Californie. L’histoire est tellement simple, qu’il ne prend pas le temps de s’attarder, Herzog. Il expose le théâtre des évènements, tout simplement. Un gars qui semble dérangé dans sa tête, est accusé d’avoir tué sa mère, froidement. Il retient deux prisonniers dans la maison familiale. Le face à face entre la police (Willem Dafoe) et le malade (Michael Shannon, décidemment excellent dans les rôles de malades), tient pendant tout le film, entrecoupé de flash-back, parfois très oniriques. La confrontation ne progresse pas. La confrontation avec le flic est presque superflue. On explore le passé du tueur. Le tableau est glacé, on a quelques plans magiques au niveau de la mise en scène, mais le reste est complètement hermétique, pour qui n’est pas cinéphile averti, ou très ouvert d’esprit. C’est le genre de film qui permet à ceux qui font une thèse en philo esthétique appliquée, de gamberger un peu leurs partielles. Sinon, on patauge un peu. Ça me gêne de donner 5 à Herzog, mais il faut reconnaître que j’ai pataugé dans la gadoue, moi aussi, comme beaucoup. Peut-être qu’il n’y a tout simplement rien à comprendre, que ce film d’horreur, sans film d’horreur est voulut comme tel, quitte à ennuyer. Tellement dixième degré, que ça ne fonctionne tout simplement pas, malgré deux noms célèbres au générique : Produit par David Lynch, et réalisé par Werner Herzog.
On connaît la fin dès le début. On se demande quand il va se décider à la tuer, tellement qu’on voit que c’est un malade, le personnage principal, et tellement qu’on voit que sa mère c’est une harpie castratrice. Alors c’est un thriller mais thriller artisanat d’art, réservé aux amateurs. De belles images succèdent aux scènes composées au millimètre, c’est très précis. Une beauté formelle voulut apparemment, mais outrancière, asphyxiante. Ça ne passe pas cette fois ci. S’éloigner à ce point des codes du genre, c’est risqué, voire casse-gueule.