Einar et Gerda vivent leur amour de peintres à Copenhague : lui s'est déjà fait un nom dans le milieu artistique danois avec ses paysages dénudés de Vejle. Elle peine à y entrer, avec des portraits qui manquent encore d'âme. Gerda convainc Einar d'aller au bal des artistes et de s'y présenter sous un autre jour : il est Lili, il est cette femme qui a toujours existé au fond de lui. Après cette journée, Lili ne cessera d'exister et de prendre le dessus sur Einar, qui s'effacera complètement.
La complicité solidaire du couple Gerda-Einar sera plus forte que la déconvenue de Gerda, pour qui un monde, la perspective de fonder une famille avec Einar, s'écroule. Gerda contribuera, presque malgré elle, à faire vivre Lili. Les mystérieux portraits de la soit-disant cousine de Einar lui assureront en effet une exposition à Paris.
Le contexte artistique de l'Europe des années 1920 magnifie et transcende l'éclosion de l'identité sexuelle d'Einar : les tissus des robes des années folles, les boiseries et motifs floraux de l'art Nouveau, le charme des villes de Copenhague, Paris et Dresde. Et pourtant les diagnostics médicaux sont sans appel, eux qui taxent Einar de fou.
L'attrait, l'affiliation et l'aisance finale du peintre vis-à-vis du corps féminin, qu'il fait sien
au prix de sa propre vie
, est montré avec grande conviction. A ce titre, la performance de Eddie Redmayne est admirable. De même, l'ambivalence de Gerda, tout à la fois empreinte de douleur mais pleine de soutien, est très justement interprétée par Alicia Vikander.
Ce film est un bel hommage, sensible, bienveillant et harmonieux, à la première peintre transgenre, Lili Elbe.