Cela fait quelques années qu’une nouvelle génération de réalisateurs italiens œuvre dans le cinéma de genre et cette « nouvelle vague » est décidément très intéressante, essayant de relancer une production cinématographique en berne en termes de cinéma de genre, un peu cantonnée aux comédies et aux drames. On lui doit des films tels que Jeeg Robot ou Freaks Out de Gabriele Mainetti, Diabolik de Antonio Manetti et Marco Manetti La Bête de Ludovico Di Martino ou encore Land of the Sons de Claudio Cupellini. Dampyr, premier film du réalisateur Riccardo Chemello, s’inscrit également dans la même veine mais voit encore plus loin. Tourné en anglais pour plus de facilités sur le marché international, avec un casting tout aussi international (aucun italien dans les rôles principaux) et un gros budget (pour un premier film, qui plus est italien) de 15 millions d’euros, Dampyr est un blockbuster ambitieux qui ne réussit pas complètement son pari.


Bonelli entertainment, la branche de production de l’éditeur de bande dessinées Sergio Bonelli Editore, fait officiellement ses débuts sur le marché du cinéma avec sa première production interne, le film Dampyr, adapté d’un comic book de leur cru créé en 2000 et qui existe toujours aujourd’hui. Ils sortent en parallèle une série animée, Dragonero I Paladini, également adaptée d’un leur comic à succès. Davide Bonelli explique qu’avec ces deux premières productions, ils ont voulu amener leurs personnages vers de nouveaux mondes, de nouveaux horizons, en s’occupant eux-mêmes de ces adaptations, en s’adressant non seulement aux lecteurs qui suivent les aventures de ces personnages tous les mois, mais également un nouveau public qui pourrait trouver dans ces histoires et ces mondes des émotions, des personnages et des aventures qui les feront vibrer. Vincenzo Sarno, tête pensante de chez Sergio Bonelli Editore et producteur exécutif de Bonelli Entertainment exprime de son côté ses ambitions internationales et son envie d’amener les héros de ces bandes dessinées sur le terrain des séries télé, des jeux vidéo, et donc du cinéma et de l’animation dans une optique de transmédialité. Il annonce également déjà travailler avec divers partenaires qu’ils accompagneront de la phase de création à la production physique en impliquant les meilleurs talents pour faire de ce rêve une réalité. Pour lui, c’est la meilleure façon d’exploiter pleinement un patrimoine unique et inestimable d’histoires, en y apportant le même soin, la même passion, et le même respect qu’ils ont mis dans leurs bandes dessinées. La série d’animation et le film du jour, Dampyr, sont donc les premières pierres d’un vaste univers narratif qu’ils construisent jour après jour avec une grande détermination. Ils ont par exemple d’ores et déjà prévu de faire une nouvelle adaptation (après la médiocre adaptation américaine de 2011) de Dylan Dog, en coproduction avec la Atomic Monster de James Wan. En gros, Dampyr est le premier épisode du Bonneli Cinematic Universe (BCU) qui s’étendra sur plusieurs formats/supports. Oui, Marvel a fait beaucoup de mal au cinéma… Mais revenons au film en lui-même.


Sorti fin 2022 en Italie, mais arrivant en 2023 un peu partout à travers le monde, soit en VOD/SVOD (via Amazon par exemple), soit en support physique comme aux Pays-Bas, Dampyr est un film à la mise en scène très soignée et on sent une réelle envie de bien faire, une réelle envie de proposer un spectacle qui tient la route. Travellings, plans d’ensemble, effets spéciaux au service de l’action (et pas l’inverse comme dans certaines hollywooderies), avec en prime une photographie très soignée s’appuyant parfois sur un jeu avec les couleurs primaires. Même si les CGI ne sont pas parfaits, certains plans sont réellement beaux, avec un sens du cadrage à saluer malgré des plans un peu poseurs mais malgré tout dans le ton. L’ambiance est sombre et désolée, même si pas réellement originale. On nous présente une guerre entre vampires et militaires chasseurs de vampires avec, au milieu de tout ça, un jeune « dampyr » (mais il ignore qu’il l’est), le fils d’une humaine et d’un vampire qui va découvrir ce secret et les pouvoirs qui vont avec au fur et à mesure que le film avance. On sent très rapidement les inspirations de Dampyr, par exemple du côté de 30 Jours de Nuit (également adapté d’un comic) pour le côté bestial des vampires, mais également du côté de Blade pour un certain pan de la mythologie. Dampyr ne révolutionne clairement pas le genre, mais il ne cherche à aucun moment à le faire. Par contre Dampyr a deux gros problèmes. Tout d’abord, il y a son scénario qui, outre le fait qu’il ne révolutionne rien (ça on peut l’en excuser), ne raconte au final pas grand-chose en plus de comporter beaucoup de facilités. Ensuite, il y a les personnages. Le héros et le méchant ne sont pas les plus charismatiques qui soient, la faute peut-être à un casting pas forcément bien choisi (David Morrissey n’est pas du tout crédible en grand méchant vampire au look gothique). De manière générale, les personnages ne sont pas ce qu’il y a de plus réussi. Terriblement stéréotypés, du jeune héros ténébreux à mèches au militaire bourru en passant par la jolie vampire qui ne veut plus être à la botte de son maitre. Alors oui, ça fonctionne malgré tout, mais là aussi l’originalité a été laissée sur le paillasson d’entrée. On sent bien, avec sa fin ouverte, que Dampyr est une introduction à quelque chose de bien plus grand et qu’il n’est là, en quelques sortes, que pour poser son univers, ses personnages. A voir si le public suit et si les autres projets (cinéma et sur les autres supports) voient bien le jour et ne finiront pas morts nés comme le Dark Universe de Universal.


Trébuchant à cause de personnages très stéréotypés et d’un scénario vu/revu avec trop de facilités, Dampyr se rattrape par sa mise en scène, son ambiance et son envie de voir les choses en grand. Il en résulte un blockbuster italien divertissant, bien que pas mémorable.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-dampyr-de-riccardo-chemello-2022/

cherycok
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le 2 nov. 2023

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