Cyrano nano dans décors Hasbro. La rouquine et Pacman. Une adapation quasi 'blasphème'...

Bonne comédie musicale, mais pauvre Cyrano:

  • ma scène préférée dont je n'ai pas encore cherché le nom des chanteurs, est celle (très tardive; à 1h27) des soldats écrivant à leur amoureuse la veille d'une dure bataille.Ses paroles et son effet me rappellent ceux d' 'Empty chairs, empty tables' dans la version d' Eddie Redmayne des Misérables (des génies sous estimés en France Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil).
  • ça reste pour l'instant une des pires adaptations de Cyrano (que je liste), pourtant j'ai eu la nausée à l'aperçu de celle des enfants d'Audrey Fleurot et Michaël Youn dans Le Fantôme de Canterville et j'ai souffert aussi à l'aperçu de celle du Splendid&du Café de la Gare en version yaourt dans C 'est moche, c'est sale, c'est dans le vent, c'est le Café de la gare...Ces deux visions restants pourtant plus agréables.
  • un donc décevant Cyrano mais une des bonnes comédies musicales (parmi celles que j'ai vues)
  • et donc pas mon Joe Wright préféré: en salle, j'avais même vibré à sa version d'Anna Karénine (émotion jamais ressentie à nouveau quand je le vois à la télé). Je découvre que c'est le même chorégraphe qui avait à l'époque sans doute plus à prouver donc ayant peut-être plus innové et bossé (j'ai aussi lu dans le générique de fin que l'épidémie de covid n'a pas aidé).
  • ici j'ai souvent cru voir la personnage du film Disney Rebelle rencontrant une version humaine de Pacman (avec sa grosse tête en live-action animation 3D devenues à la mode).
  • Haley Bennett a ici parfois des airs de Julie Depardieu.
  • ma plus grande déception n'est pas qu'il soit réduit à une grosse tête, mais qu'il soit réduit à son gros coeur et amour; toute la part rebelle et anarchiste de Cyrano me semble réduite à peau de chagrin. Toute sa critique des riches, puissants et autres hypocrites corrompus , est réduite quasi à peau de zob...on sent l'adaptation Américaine qui débande à toute évocation dite un minimum de gauche?
  • les chorégraphies d'un Sidi Larbi Cherkaoui (réputé disrupteur) sont ici assez banales: on sent son influence dans sa jeunesses par "les vidéos de Kate Bush". Il travaille parfois "avec des danseurs et des comédiens handicapés psychiques et mentaux", voire trisomiques. Et maintenant des scénaristes.
  • de la même manière que je n'avais sincèrement pas reconnu Jared Leto dans le sous estimé House of Gucci de Ridley Scott, je n'ai ici pas reconnu Ben Mendelsohn, dans sans doute la pire des pires des pires versions de De Guiche que j'ai vues. Déjà que le personnage de ce Comte n'est pas de suite des plus charmants, mais dans le chef d'oeuvre d'Edmond Rostand et ses autres adaptations, il est beau de le voir évoluer, de voir qu'on se trompe sur lui et qu'il se révèle avoir de l'éthique, du courage et reste proche de Cyrano jusqu'à la fin...
  • ici, ils me semblent ajouter aussi une couche meetoo et surtout fakenews trumpienne en faisant de De Guiche un violeur quasi bisexuel efféminé! (et pourquoi pas faire mourir un jour James Bond?! tant qu'on y est.) Ben Mendelsohn et son mignon semblent échapper Du rose et du noir de Gérard Jugnot.
  • plus de De Guiche auprès de Cyrano à la toute triste fin (qui est ici seulement "3 ans plus tard") mais aussi plus de Ragueneau non plus auprès de lui; DONC plus de longue amitié ou respect social (transgénérationnel et trans-classes, ce que j'adore dans l'original). Un des sujets clés.
  • plus de Ragueneau et De Guiche qui viennent sauver et aider les soldats affamés lors de la bataille!
  • plus de Cyrano qui devine que Roxane ne parle pas/plus de lui lors de la confession d'amoureuse; quand elle dit "il est beau", Cyrano comprend que c'est plus/pas lui...ici, elle ne le dit plus...elle ne dit pas non plus (comme je m'y banalement attendais): "il est grand"...alors comment devine t il (son coeur se brisant) que Roxane ne parle pas de lui lorsqu'elle dit qu'elle aime quelqu'un?:
  • "je ne lui ai encore jamais parlé"...le pire des dialogues beige et soft et sans risque d'offenser personne? Même si Dinklage est là encore excellent et sauve un peu la lâcheté du dialogue.

  • (quasi) plus d'ennemis et jaloux qui veulent tuer Cyrano par centaine, à part De Guiche: il ne dérange plus; il est quasi 'juste' un amoureux esseulé.
  • plus de Cyrano qui aide Roxane en ralentissant De Guiche avant le mariage express (elle lui demande, mais si on regarde bien, Cyrano ne fait rien, de rien, ici pour ralentir l'arrivée de De Guiche; même si le Comte apparait quand même trop tard, une fois les voeux échangés).
  • mais DONC plus de scène de l'extraterrestre tombant du ciel, ralentissant De Guiche: j'aimais pas la lire ou la voir, mais Vuillermoz me la faite a-do-rer (je l'ai alors revue différemment et aimée dans les autres versions...donc, là, j'étais hyper curieux de voir ce qu'ils proposent...ben, ils la by-passent!...le total refus d'obstacle...quasi comme pierreamo et les tâches ménagères! ).
  • Même si à la place, ce non ralentissement mène à quand même une belle scène et là, une très très bonne proposition: dans le couloir, De Guiche retire sa perruque, se colle au mur et une mini complicité se lie entre lui et Cyrano, car les deux sont éconduits et perdent Roxane. Voilà deux ans que Roxane laissait planer le doute chez De Guiche dans une forme de Supplice de Tantale ( ce qui ne justifie en rien son immonde lettre la menaçant, totalement inventée dans cette version).
  • Mais j'adore dans cette mini scène entre le nain et le vieux chauve quand ce dernier semble décider de passer d'épicurien à stoïcien: "J'en ai fini avec l'amour, c'est un tourment".

    • en autre innovation, j'aime lors de la scène de l'aveu final, que Roxane ramène moins sa propre douleur à elle aussitôt que Cyrano évoque sa douleur: elle parait ici moins égocentrée/ique que dans d'autres versions.
  • en dépit de la mini scène où De Guiche tente de le corrompre en devenant son Bolloré et offrant de le publier, il n'y a dans cette version plus trop d'allusion aux poésies Cyrano, plus trop de livres Cyrano, plus de publications de Cyrano, mais pire, plus de protection des...petits. Juste surtout l'échec d'un amour non avoué et un dernier (beau) baiser. Il est réduit à un Nono, le petit robot, un Chihuahua, aux pieds de Roxane. Effacé me semble son côté chien de garde. Cancellé le pittbull à la Denis Robert, qui dans les autres versions défends un humoriste accusé de blasphème et moquerie dans le livre et toutes les adaptations. Cyrano, pour les auteurs, c'est ici surtout un amoureux ignoré.
  • surtout que la bataille contre "cent" quand il se croit aimé devient ici une bataille contre "10" qui ne sont en fait que "7" et dont 4, disparaissent bien vite...le film lors de cette attaque d'escaliers prend encore plus un aspect de catch mexicain...où les combats sont certes quand même dures à faire mais paraissent très orchestrés et bidonnés. Les méchants ne l'attaquent pas en même temps, comme dans tous les films d'action, sauf qu'ici, c'est hyper visible, et les 4 du bas d'escalier disparaissent hyper vite. Quant à la manière dont il jette pardessus bord les 3 attaquants, hors-champ, fait rire mais on se demande bien pourquoi, une fois qu'ils l'ont pendu, ils le tirent mystérieusement jusqu'à eux...une scène qui là manque un peu d'un chorégraphe sensé.
  • ce qui est fait de Ragueneau est le pire des pires crimes de lèse-majesté...pfffffff pourtant j'étais ouvert et disposé; ...mais ce massacre et affacement de mon personnage préféré est décevant.
  • personne ne me croira mais je savais même pas que ça allait être musical; et j'avais aimé les scènes et diction de ce Kelvin Harrison (Christian) dans le film d'horreur Wolf Hour: acteur jouant alors très juste (même si ici on décide de le mettre dans la neige, à côté d'un autre canon, noir...ce qui me rappelle une vanne de Fabrice Eboué à Lucien Jean Baptiste dans le film de Jean Pascal Zadi).
  • cette scène d'ailleurs d'énorme canon noir dans la neige regardant la vallée (1h19), me rappelle des tableaux de Caspar David Friedrich, comme d'autres belles scène du film.
    • un autre mini mini détail: encore un héro de série dont son amoureuse part avec un noir...ici Peter Dinklage perd sa Haley Bennett à Kelvin Harrison, comme Andrew Lincoln perdait sa Keira Knightley à Chiwetel Ejiofor dans Love Actually.
    • Et pour finir sur le sujet noir, puisque c'est la pseudo innovation que les auteurs ont souhaité introduire dans Cyrano (donc c'est eux qui en parlent, pas moi): en autre changement, il se suicide ici au service du nain blanc...ici, noir, il se suicide, il court vers la balle; pourquoi ce changement? , alors que Christian meurt d'habitude au combat, en se battant. Il est vrai que parfois, le noir d'un film saute soudain pour prendre une balle à la place du nouvel ami blanc: Sy devant Laffite dans 'De l'autre côté du périph', Sidney Poitier saute du train pour aider Tony Curtis dans La Chaîne, Glover se prend une balle pour Gibson etc. ?
    • je l'ai revu et la VF est excellente: parfois, elle marche même mieux que la VO; surtout pour la scène de tromperie sur les voix au balcon où les acteurs français la jouent même mieux (il y a un effort de dissimulation et imitation plus poussées que dans la VO; je n'ai pas encore cherché leurs noms).
    • je l'ai revu, et une fois passé le choc en faisant une première fixette sur l'adaptation et comparaison aux autres Cyrano, ben, la comédie musicale en elle-même, les décors et paroles des chansons sont ses éléments positifs qui gagnent à être peut-être mieux appréciés et seront sans doute les atouts de futurs tentatives...
    PierreAmo
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    Créée

    le 30 août 2022

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    PierreAmo

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