Le premier Crows Zero avait été une excellente surprise et, à vrai dire, je ne voyais pas ce dont Miike allait bien pouvoir parler dans cette suite, ni, à fortiori, quel intérêt il pouvait trouver à sa réalisation. En fait, ce n'était pas si difficile : dans le premier volet, notre très cher looser en chef découvre qu'il ne suffit pas de massacrer la bleusaille du matin au soir pour se faire respecter. Donc maintenant, il doit apprendre à ouvrir son cœur.
Oui, à ouvrir son cœur ! A sa donzelle, tout d'abord, qu'il se propose galamment de tringler dans un escalier sordide. A son papa, ensuite, qui se prend 2 balles dans le ventre par un connard (subtile mise en perspective de ce qu'il risque lui-même de devenir). A ses troupes, enfin, qu'il ne parvient toujours pas à fédérer.
Le plus amusant dans tout ça, c'est que le rythme est somme toute si lent durant le deuxième tiers du film que l'on se surprend à ne plus croire du tout à cette histoire de guerre entre lycées. D'ailleurs, les produits les plus dégénérés de cette bataille, qui en viennent aux armes, se font bien vite recaler par leurs chefs qui viennent leur hurler dessus que l'enjeu est ailleurs, que le but, ce n'est pas simplement de gagner, qu'ils n'ont rien compris : car en somme, l'honneur, le respect, le dépassement de soi, quoi d'autre ?
"La guerre d'un homme", en clair. Miike s'amuse à nous ressortir les vieilles rengaines des samouraï dans un univers bizarre et décalé, que l'on reconnaît pourtant sans difficulté par les valeurs qu'il tâche d'illustrer. Naturellement la roue tourne et tandis que les plus âgés, qui ont enfin compris la leçon, prennent leur envol ("tels des corbeaux" nous dit Miike), les plus jeunes prennent le relais.
Le résultat, c'est que je ne sais pas si Miike s'amuse à prendre à parti le plus décérébrés de ses spectateurs, susceptibles de s'identifier à tous les bad boys qu'il met en scène, ou s'il fait joujou avec sa caméra, et paradoxalement c'est peut-être ce qu'il y a de plus réussi avec les deux Crows Zero, qui parviennent à faire preuve d'un minimum d'intelligence sans pour autant perdre de vue leur public de prédilection.
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