Le burlesque d'avant le burlesque...

"Cretinetti chez Bello" (1909) fait partie de toute une série de "cretinetti" tournés en Italie par André Deed. La plupart du temps, il incarne un personnage un peu simplet à la démarche elastique qui se fait régulièrement taper dessus ou propulser dans les airs par quelque gros bras énervé. Ici, il est aux prises avec des femmes qui succombent toutes à son charme ravageur. Qu'elles soient vieilles ou avec un bébé dans les bras, elles ne peuvent s'empêcher de le poursuivre de leurs assiduités, au point de littéralement déchirer son corps en morceaux... morceaux animés qui se reconstituent tous seuls à la fin !

Ce mélange de slapstick et de créativité à la Méliès est assez émouvant si on veut bien prendre la peine de se projeter dans le temps. André Deed, comme Ernest Bourbon ou Lucien Bataille, fait partie de ces nombreux pionniers injustement tombés dans les oubliettes de l'histoire du cinéma, la faute sans doute à la césure provoqué par la première guerre mondiale et au relais massif pris par le cinéma américain. Mais il y avait bel et bien un avant et lorsque le burlesque commence à s'épanouir aux Etats-Unis au milieu des années 10, ça fait déjà près d'une décennie qu'André Deed écluse le genre...

Il est donc tout à fait interessant de se pencher sur la bonne humeur simple et naïve infusée par les "Cretinetti" d'André Deed avec ici, en sus, des effets spéciaux très réussis. Je serais vraiment trés curieux de pouvoir visionner, un jour, les dizaines et dizaines de Boireau et autres Gribouille qu'il a accumulés dans les années 1900 !