Comme beaucoup de monde, j'étais assez septique lorsqu'un spin off sur la saga Rocky a été annoncé. Ayant un grand attachement pour ce personnage depuis ma plus tendre enfance, ma réticence venait principalement de la crainte de tirer une fois de trop sur la corde. Une crainte que j'avais eu en 2006 lors de la sortie de Rocky Balboa auquel s'ajoutait l'âge de Sylvester Stallone qui avait 60 ans à l'époque. Des appréhensions qui une fois le film vu en salle se sont estompées, plus que ça même, Rocky Balboa m'avait totalement convaincu et séduit.
L'annonce de Creed a été le retour en moi de cette objection, faire l'épisode de trop, cependant les recrutements de Ryan Coogler à la réalisation et Michael B Jordan en tant qu'acteur principal m'ont rassurés dû à leurs précédentes collaborations sur Fruitvale Station qui m'avait conquis. Les bandes-annonces m'ont carrément séduites et m'ont poussé à voir ce spin off en salle. Alors qu'en est-il réellement de cette œuvre, mes craintes se sont elles-justifiées ou ai-je encore une fois été surpris ?


Ryan Coogler met donc en scène Adonis Johnson, fils illégitime d'Apollo Creed. L'occasion pour le cinéaste de traiter de certains sujets comme la recherche d’origines afin de savoir qui l'on est et d'où l'on vient et ainsi assumer son identité. Mais aussi la relation père / fils au travers de la relation Adonis / Rocky. L'un, cherche une figure paternelle qu'il n'a jamais connu, l’autre un fils avec qui il pourrait nouer des liens contrairement à sa progéniture qu'il ne voit plus et avec qui il a rarement l'occasion de parler. La boxe et Apollo vont être la base de cette relation. En parlant de boxe, Ryan Coogler nous rappel que ce sport est un art à part entière, une école de la vie dans laquelle on encaisse des coups, on tombe et on se relève pour continuer à survivre, un sport qui demande un sacrifice total. Des thèmes qui ne sont certes pas inédits au cinéma, mais qui arrivent toujours à faire mouche surtout quand ils sont traités avec autant de sincérité et de sensibilité. Le cinéaste a très bien compris ce qui faisait l'essence de cette franchise en mettant l'accent sur ses protagonistes. Avant d'être des films sur la boxe, c'est surtout des valeurs qui peuvent paraître simplistes, mais authentiques, avec pour message l'espoir qui a une grande portée fédératrice.



I Une immersion complète dans l’univers



Côté mise en scène, le travail est particulièrement soigné, notamment lors des passages sur le ring ou le cinéaste se rapproche au plus près des boxeurs en plan séquence, alternant les points de vue tantôt sur Adonis, tantôt sur son adversaire pour se mettre à leurs places et capter la violence des coups portés avec un son qui claque et dont on perçoit la force destructrice.
Nous avons également droit à notre lot de fan service qui est un pur plaisir :



  • le short us

  • la tortue de Rocky (il y en avait deux avant du nom de Bouton et Pression)

  • le gymnase de Mickey

  • les flashbacks sur Apollo Creed

  • les petites anecdotes des précédents volets comme ce troisième match en huis clôt

  • les célèbres marches du muséum de Philadelphie

  • etc…


Tous sont très bien placés, servent les personnages et l'histoire et en aucun cas exagérés, un vrai plus non-négligeable pour les fans de la première heure.
Autre moment sympathique qui est plaisant à voir (petit frisson à ce moment-là), lorsque Adonis regarde le 2nd match entre son père et Rocky, à ce moment, il se lève et se met devant l'écran pour imiter les enchaînements du challenger, une façon pour Ryan Coogler de superposer l'ancienne génération à la nouvelle.
Un autre point de mise en scène intelligent est dans la façon de présenter les autres boxeurs, un arrêt sur image est fait en présentant leurs statistiques (âge, poids, nombre de victoire, etc…). Un élément qui permet l'économie de dialogue pour les présenter, dans le but ne pas trop alourdir la scène, mais également de faire une présentation réaliste de ces personnalités (qui sont au passage d'authentiques professionnels).


Pour nous immerger complètement dans cet univers le metteur en scène à fait appel également à de vrais homme de coin pour Adonis, l'entraîneur Ricardo McGill, le créateur de l'équipement Elvis Grant et le cutman Jacob " Stich" Durand.
De vrai commentateur sportifs que sont Max Kellerman, Jim Lampley et Michael Wilbon, les journalistes Anthony Kornheiser et Hannah Storm, et le célèbre présentateur Michael Buffer sont aussi de la partie.



II Une B.O sur-mesure



La Bande Originale est composée de morceaux principalement orienté vers le hip-hop, pour les gamers qui ont joués à Fight night champion, vous reconnaîtrez surement "The fire ". Mais également là aussi pour notre plus grand plaisir les notes de Bill Conti entre autres des thèmes comme : Rocky's thème, Adrian's thème, Conquest, utilisés avec parcimonie et au moment opportun de l'histoire, un vrai plaisir pour les oreilles et qui participent à la nostalgie. Également s'y ajoute les chansons de Tessa Thompon ( Bianca) et des compositions de Ludwig Göransson.



III Des acteurs impériaux



La force de ce Creed relève de ces acteurs, en commençant par Michael B Jordan, la star montante. Il nous livre une interprétation d'une justesse remarquable. Sa particularité contrairement à Rocky qui lui s'est crée son nom et sa légende est qu'Adonis à déjà un nom célèbre et il doit se construire dans le monde professionnel de la boxe en essayant d'assumer cet héritage qu'il refuse, voulant être totalement indépendant. L'intensité que met Michael B Jordan dans la colère que ressent son personnage est vraiment forte, une rage qui cache un profond mal être, celui d'un sentiment d'abandon, il retrouve chez Rocky cette figure paternelle qui lui a toujours manqué et dans le personnage de Bianca une stabilité. Dans un souci de crédibilité, l'acteur à été soumis à un entraînement intensif et à une alimentation très stricte à base de poulet, riz brun et brocoli, tout en buvant 5 litres d'eau quotidiennement


Bien sûr, je n'allais pas oublier le pilier de cette franchise, celui sans qui rien de tout cela n'aurait été possible, l'icône Sylvester Stallone. Alors oui la carrière de Sly a connu énormément d'échec critiques et commerciaux, à juste titre pour les mauvais choix dont-il a fait preuve durant ses 45 ans de carrières et qui ont fait la filmographie qu'il a ce jour, et je parle en totale connaissance de cause pour avoir vu la majorité de ses films. Mais une chose que l'on ne pourra jamais lui reprocher, c'est la tendresse qu'il a pour Rocky, ce héro qu'il a créé n'est pas seulement un rôle, il fait partie de lui. Rocky agit et boxe avec son cœur, Stallone lui joue ce personnage avec tout son cœur et ses tripes. Et peut-être encore plus dans Creed ! Il nous démontre le même attachement et la même force qu'il a pour l'étalon italien. Son jeu d'acteur transpire la générosité, à 69 ans, il arrive encore à nous mettre KO dans des passages sincères et touchants, il retrouve l'énergie du premier et sixième volet. Ses discours envers Adonis sont ceux d'un père envers son fils, il va l'aider à se construire et celui-ci va l'aider à retrouver le goût de la combativité pour relever de nouveaux défis.
Une petite parenthèse avec cet hommage touchant fait à son fils Sage en montrant une photo de Sly en compagnie de son défunt fils.

En tout cas chapeau monsieur Stallone ! Le Golden Globe du meilleur second rôle dans un film dramatique, n'est vraiment pas volé



Conclusion



Si l'on devait résumer le film en deux mots, les termes générosité et sincérité seraient à mon avis bien appropriés. Ryan Coogler avait pour mission de relever haut la main ce challenge, en particulier pour son père qui est un grand fan de la saga, l'objectif est donc rempli. Le passage du flambeau de l'ancienne gloire à la nouvelle est fait de la meilleure des façons sur les célèbres marches. Avec ce succès, un second opus est en préparation, ne sachant toujours pas si le metteur en scène sera de la partie (notamment à cause de sa participation à la réalisation de Black Panthers), je garde mon scepticisme en espérant une nouvelle fois avoir une agréable surprise.

ChrisTophe31
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le 14 janv. 2016

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Chris Tophe

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