Voilà le type de film qui m'insupporte très rapidement, malgré les thématiques abordées que, d'ordinaire, je savoure allègrement (solitude, musique country). Sous ses airs de classicisme bon marché, doté de clichés bien gras (le chanteur-guitariste de country alcoolique, has been largué, effectuant un come-back raté, rencontrant une solitaire comme lui, journaliste élevant seule son enfant) "Crazy Heart" passe à côté de son sujet : la question de l'alcool est encore une fois, comme dans "Flight", abordée de manière frontale, avec jugement et moralisme suranné, et axée comme d'habitude sur les convenances et bonnes mœurs d'obédience conservatrices portées par tous les représentants et citoyens de la société, quels qu'ils soient (le flic qui aide Blake à chercher le petit dans une galerie marchande ne peut s'empêcher de lui dire qu'il a bu, comme si ce constat disait tout de la disparition du môme, dans un contexte de foule dense où n'importe qui, même sobre, aurait pu perdre son loupiot), qui s'évertuent à marginaliser ces hommes imbibés, ces laissés-pour-compte, faisant fi des raisons qui ont poussé ces derniers à la boisson. Boire c'est mal, avoir soif c'est encore pire. La soif d'alcool c'est mal, peu importe les raisons, le bon petit chrétien n'y verra que des prétextes, que, comme les trous de balle, tout le monde a.


Mais peut-être que c'est moi qui n'ai rien compris : après tout, la question de la dépendance à l'alcool n'est qu'une fausse piste, le sujet étant peut-être la solitude, et le fait que certaines personnes, de surcroît solitaires, ne peuvent que rester seules, ne peuvent s'occuper des autres, au risque de leur faire du mal. Et dans tout ça, un verre de bourbon, ..ben ça n'aide pas à s'intégrer socialement. Mais bon, qu'est-ce qu'on s'ennuie quand même... c'est le manque de dynamique du film et sa propension à amener le spectateur à saisir sa guitare (ce que j'ai fait même si je déteste ça) et à répéter ses gammes de pentatonique de La mineur pendant le visionnage du film qui m'ont tué. Plombant, ce faux-rythme country, ce laid-back, trop pépère pour être vrai, en mode banjo sur rocking-chair, ...autant faire la sieste quoi.


Dommage, puisque nous avons là des acteurs en grande forme, Jeff Bridges en tête, qui s'appliquent à interpréter au mieux leurs partitions respectives, et puis la réalisation est soignée. Enfin je crois... Mon jugement est brouillé par les 2 verres de whiskey que je viens d'ingurgiter...

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le 17 févr. 2016

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Errol 'Gardner

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