Ceux qui nous suivent depuis quelques temps connaissent sans doute mon amour pour les films animaliers complètements cons, volontairement ou involontairement. Que ce soit les nanars pur jus avec des requins en plastique ou des comédies horrifiques avec une idée barrée qui ne se prennent pas du tout au sérieux avec des ratons laveurs zombies, je suis toujours très réceptif à la chose. Et avec Crabs!, on est dans de la série B, voire Z, qui assume sa connerie du début à la fin et qui, avec un pitch pareil, aurait sans problème pu sortir du catalogue de la Troma. Mais il ne suffit pas d’assumer ce statut pour faire un bon film, loin de là. Parce que même s’il a fait sensation dans les festivals par lesquels il est passé, ça ne veut pas dire que le résultat est bon. Cette comédie horrifique n’est ni une bonne comédie, ni un bon film d’horreur et, vous l’aurez deviné, c’est bien là le problème.


Diffusé chez nous sur OCS en 2022 mais sur grand écran pour la première fois au Frightfest de 2021, Crabs! va donc jouer dans la cour des films animaliers rigolos aux même titre que des bobines telles que Black Sheep et ses moutons zombies, Zombeavers et ses ratons laveurs zombies ou encore Ghost Shark et son requin fantôme. Il sera non pas question ici de crabes comme son titre pourrait le laisser entendre, mais de limules qui auraient muté suite à une exposition à des radiations. Pourquoi des limules, ces animaux préhistoriques encore présents dans nos océans de nos jours ? Pourquoi pas après tout. A ma connaissance, ça n’a jamais été fait. On a eu des requins, bien entendu, des crocodiles, des poulpes, des piranhas, des orques, mais jamais de limules. Et puis, rien que ce mot, limule, c’est rigolo non ? Non ? Ok, c’est moi alors. Bref. Le scénario tient sur un quart de post-it, avec ses limules exposées à des radiations qui vont commencer à sortir de la mer et attaquer des humains en leur sautant au visage tels des Facehugger de la saga Alien, puis muter en créatures bien plus grosses tout en continuant leur carnage. Voilà, pas besoin de plus, on est de toute façon là pour voir des trucs crétins et des gens se faire charcuter. Le début nous met en confiance, avec son écran titre qui apparait sur un arrière-plan montrant un couple à poil en train de copuler sur la plage, suivi d’une scène gore où une limule saute à la gueule d’un mec et lui défonce le visage à grand renfort de giclées outrancières de sang. Bah quoi, c’est ça qu’on est venu chercher : du cul, du sang, du n’importe quoi. Bon, les CGI sont dégueulasses, mais ça c’est accessoire si à côté de ça on se marre. Et c’est bien là le problème, c’est qu’on ne se marre pas. Enfin, on sourit, à deux ou trois reprises, mais le terme « se marrer » est bien trop fort pour être représentatif du taux d’amusement que nous amène Crabs!. Peut-être aurais-je dû le voir alcoolisé, avec des potes, comme lors des soirées nanars de notre adolescence il y a 25 ans. Peut-être oui. Mais là j’étais tout seul, à ma pause méridienne, et l’effet escompté n’a clairement pas eu lieu.


La plupart du temps, on sent bien que Crabs! essaie de nous faire rire, mais il n’y arrive pas. Il nous pond un personnage improbable, avec un accent à couper au couteau et qui en plus a quelques soucis psychologiques, mais le résultat est consternant, en plus d’être énervant. Le réalisateur, qui semble adorer le cinéma des années 80, essaie de faire avec ses limules ce que Joe Dante avait fait avec ses Gremlins. En résulte des bestioles qui font des conneries, se prennent pour un DJ, volent des bouts de pizzas, jouent aux pinces à la fête foraine, regardent des films pornos, … Ça pourrait être fun, mais la sauce ne prend pas. Puis les bébêtes mutent et on se retrouve avec des créatures tout droit sorties d’un épisode de Bioman ou de Power Rangers. Là elles vont commencer à tout charcuter dans un mélange d’effets practicals plutôt corrects et de CGI bien dégueulasses. Puis la maman bébête va faire son apparition pour annoncer un final qui promet d’être dantesque, façon Kaiju, entre une limule géante radioactivement modifiée et un robot géant de 20 mètres fabriqué dans un garage MacGyver style. Sur le papier, ça vend peut-être du rêve à tous les amateurs de ce genre de bobine crétinoïde (moi le premier), mais il n’en est rien. Le film est ponctué de passages à vide qui tentent de construire les personnages, parfois avec des bonnes idées, souvent avec des dialogues inconsistants. Et puis ce personnage de Radu, on a juste envie de lui péter les dents pour qu’il ferme sa gueule. C’est dommage, les acteurs ne sont pas mauvais, bien qu’ils aient parfois du mal à se retenir de rire. Lorsque les bestioles attaquent, ce n’est guère mieux. Outre les CGI dégueulasses comme j’en ai parlé plus haut, où on sent toute l’incompétence du préposé aux effets spéciaux sur Adobe After Effects, ben ce n’est ni palpitant, ni fun. Le final façon MechaGodzilla contre Gigantus Limula est long et chiant. Lui aussi se croit fun alors qu’il ne l’est pas. Et puis c’est pas parce que tu ponds une grosse pantalonnade que la mise en scène doit être à la ramasse. Aucun effort pour essayer de masquer des faux raccords, OSEF la cohérence (personne n’est choqué par l’exosquelette, l’écran plat alors que ça se passe dans les années 90), … Non, l’amour de la blague n’excuse pas tout.


Jouant la carte de la série B (voire Z) délirante, Crabs! est un bien beau pétard mouillé. Des idées, il en a plein, mais il ne sait pas les exploiter. A n’en pas douter, voici un film qui aurait sans doute été plus efficace au format court métrage.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-crabs-de-pierce-berolzheimer-2021/

cherycok
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le 24 juin 2022

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