Ce qui frappe au premier abord dans Coup de Coeur ce sont les couleurs: des teinte jaune orangé, rouge, verte et bleue domine le film, des couleurs franches, violentes, criardes comme avec le technicolor des années 50 excepté qu'ici s'y rajoute une dimension électrique qui donne a Coup de Coeur un aspect de gigantesque juke box ou de flipper. De fait le film ressemble a un gigantesque terrain de jeu pour Coppola, qui quand il fait Coup de cœur est au sommet de sa gloire et de son succès. Après la palme d'or d'Apocalypse Now, ce film c'est un moyen pour lui de traiter de sujet plus léger après la plongée dans la folie guerrière du Viet Nam et c'est aussi le moyen de laisser enfin libre cours a sa mégalomanie. Son film est démesuré: Las Vegas est reconstitué en studio et fait explosé le budget tandis que Coppola utilise les dernières innovations techniques pour diriger son films depuis une régie avec des moniteurs vidéos.

Ces moyens démesuré sont mis au service d'une histoire pourtant toute simple, un couple d'américain moyen (Terri Garr et Frederic Forest) en crise se sépare et ils errent chacun de leur côté dans la ville et vive tout deux une idylle avec leur fantasme avant de comprendre qu'ils s'aiment encore et de revenir l'un vers l'autre. La critique de l'époque fut extrémement sévère envers le film la célèbre Pauline Kael estimeras que ce film ne venait "pas du cœur mais du labo", les moyens démesuré et la mise en scène avant gardiste furent jugé comme totalement déséquilibré face au simplisme de l'histoire. Il faut bien avouer que celle ne brille pas par sa profondeur et sa complexité et de ce point de vue là ont peut trouver qu'il y a là beaucoup d'effet creux parce qu'au service d'une ligne narrative pour le moins ténue et sans véritable profondeur ce qui explique sans doute l’échec retentissant du film.

Mais Coup de cœur ne vaut pas cette mauvaise réputation, certes si l'on s'en tient a son simple scénario force est de reconnaitre qu'il tient sur un timbre poste et pourtant le film possède une véritable richesse et celle-ci tient au traitement de Coppola. Comme dit plus haut le film ressemble a un gigantesque flipper ou Juke Box avec ses éclairages coloré criard et violent, et la musique et les chansons (superbe) de Tom Waits qui occupe presque sans interruption la bande son livrant un commentaire de l'action a la manière d'un chœur antique et donnant un effet de distance renforcer par l'artificialité revendiqué des décors avec ces ciels peints et cette ville de néons. Ce film artificiel et se donne comme tel, les personnages errent dans un monde de fantasme façonné a l'image du cinema hollywoodien. La femme rêve du latin lover qui lui feras quitter sa pauvre vitrine ou elle dispose les éléments d'un décors minable censé figuré Bora Bora, pour lui faire découvrir la véritable Bora Bora. Quand a l'homme il succombe au charme d'une artiste de cirque ou de cabaret tentatrice et sensuel (Nastasja Kinski).

Vous trouvez que c'est cliché? ça l'est. Vous trouvez ces décors de "cartons pattes", ces néons et ces couleurs criarde et fluorescente Kitsch? ça l'est aussi! Coup de coeur est un film qui se revendique comme un produit purement artificiel, une sorte de grand show hollywoodien ultime qui exhiberait avec une absence totale de mesure et de bon gout ses moyens pour en montrer toutes la fausseté. Pour autant et c'est la grande force du film Coppola ne met aucune ironie dans son spectacle si revendique le kitsch et si il revendique les clichés, il ne prétend jamais les prendre de haut et si le film ne se prend pas vraiment au sérieux (contrairement a ce que l'on pourrait croire) ce n'est jamais au prix d'une ironie moqueuse car il n'y a dans sa démarche aucun cynisme. Dans La femme d’à côté Truffaut fait dire a Fanny Ardent qu'elle n'écoute que les chansons d'amour, même celle qui semble les plus bête parce qu'elle dise la vérité, parce qu'elle lui parle directement et avec simplicité. Le film de Coppola célèbre pour les mêmes raisons le cinema hollywoodien, convoquant aussi bien la comédie romantique que la comédie musicale en en assumant consciemment tout les clichés.

Tout dans Coup de cœur est faux et c'est pour cette raison que le film sonne juste et touche a une forme intense de poésie. A travers de pures jeux formels Coppola parvient a sidéré et a émouvoir dans le même temps. Le film enchaine les moments magique Terri Garr dansant un tango endiablé et sensuel avec Raul Julia, Frederic Forest faisant face a une Natasja Kinski transformée pour l'occasion en géante bleuté, ou encore Natasja Kinski qui joue les funambules en pleine nuit devant un ciel étoilée en trompe l’œil sur un film électrique au dessus d'une casse de voiture que sa simple présence transforme en "jardins du Taj Mahal". Sans doute peut on rester insensible a tout ce que je viens de dire et ne voir dans Coup de coeur qu'une collection de clichés dans un bel emballage, mais pour moi c'est bien plus je vois ce film comme un poème sur pellicule, un un chant d'amour passionné et mélancolique a Hollywood et au cinema.
Dracula
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le 14 déc. 2013

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