D’un rêve commun animalier, Maria et Endre tenteront de déplacer ce lien d’amour dans leur vie où leurs deux solitudes auront du mal à s’accorder, mais où cet espace onirique et sa quiétude absolue finiront par leur montrer le chemin.
Un film de métaphores mettant en avant la difficulté des contacts et des rapports. Les animaux nous rappellent à notre instinct primaire où la beauté des mouvements chorégraphiés à merveille et le calme de l’instant s’évanouissent par un retour à la réalité morbide et à nos propres barrières.
La froideur de l’abattage, les corps suppliciés et la douceur des rencontres des cervidés en totale liberté participent au fossé avec l’homme, son langage et sa condition. Mais également miroir de l’homme, où l’abattoir nous rappelle à l’horreur et à une vie sans espoir. A l’image de nos deux protagonistes empêtrés dans leur vie bien réglée et morne.


S’ouvrir à l’autre dans un monde de codes est traité par différentes scènes réussies et parfois curieuses, que ce soit son retour au domicile où Maria se repassera ses instants de dialogues, à l’aide de figurines ou Endre qui saura se mettre à niveau face à un jeune employé pénible, faire preuve de solidarité face à un collègue, parler en toute franchise alors même qu'il est absent de ses relations. Les expressions subtiles et les dialogues décalés se suffisent à eux-mêmes pour nous décrire la difficulté d’être.
Si la découverte de Géza Morcsányi parfait, contribue à la réussite du film, l’aspect psychologique des personnages reste faible. Ce sera finalement le reproche que je pourrais poser sur l’ensemble à être parfois trop cliché, à expédier les nombreuses pistes évoquées et à poser des situations accessoires. Et le rêve doit laisser la place à la vie réelle et les scènes animalières disparaîtront au fil de l’histoire, à mon plus grand regret...


Mais il est clair que Ildikó Enyedi propose une belle histoire toute en finesse et délicatesse et saura charmer par sa narration. Le cadrage et le montage démontrent une belle maîtrise. Les lieux et leur teintes contribuent également à poser la différence entre la chaleur d’un appartement ou son contraire clinique, le cru de l’abattoir ou un rayon de soleil salvateur, l’arrêt sur image du rêve et son silence parfait et le retour à la réalité. L’ensemble reste poétique et la réalisatrice aura fait preuve d’une belle sensibilité.


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limma
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le 8 juin 2018

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