1851 dans une vallée californienne. Roy Whitman, riche et heureux propriétaire foncier de ladite vallée, engage son ami Buck Wyatt et l'envoi à Chicago dégoter une centaine de femmes motivées pour sa centaine de célibataires esseulés. La-bas ce ne sont pas moins de 138 demoiselles venues de tout horizon (les veuves côtoient les prostitués et les gentilles filles propres sur elles) qui répondent à l'appel de l'Ouest. Le temps d'engager une quinzaine de contre-maîtres masculins et le grand départ est donné. Bien sûr il est interdit de toucher à la cargaison. Cela vaut pour ses hommes comme pour lui. Buck Wyatt est un homme solitaire, épris de liberté et peu enclin à l'amour. Il est débraillé, jamais rasé, se douche dans la boue avec les cochons et légèrement misanthrope. Mais c'est un homme de parole qui n'hésitera pas à utiliser la force, quitte à faire parler la poudre et perdre un homme, pour rappeler ces messieurs à leur bon devoir. A travers les eaux impétueuses du Missouri, les canyons aiguisés des Rocheuses ou encore le désert coupe-gorge et peuplé d'indiens de la Sierra Nevada, les femmes du convoi feront le dure apprentissage de la vie dans l'Ouest où se mêlent bagarres, combats contre les indiens et tâches manuelles éreintantes et fatigantes. La mort et la désertion font également parti du voyage et, au grès des kilomètres leur nombre s'amenuise : les femmes meurent de fatigues et les hommes, quand il ne tombent pas sous les balles de Wyatt et les flèches des indiens, désertent le convoi. Malgré les intempéries essuyaient, les catastrophes en chaîne subies et la fatigue physique et intellectuelle qui les gagnaient, le convoi arrive enfin, quatre mois après avoir quitter l'Illinois, dans la paisible vallée californienne où les hommes, apprêtés pour l'occasion, les attendent émerveillés.

Sous de multiples aspects le film me rappelle The Big Trail de Walsh, sorti en 1931. Si le convoi mené par John Wayne n'était pas 100% féminin comme celui de Taylor (il était mixte), on retrouvait déjà l’étrange ambiance, parfois familiale et amicale, parfois tendue et houleuse, qui régnait au sein de la communauté (on a même le personnage du fidèle acolyte du héros, tenu ici par un sympathique japonnais) et bons nombres de péripéties comme la pluie diluvienne ou encore le treuillage des caravanes en contre-bas haut talus. Comme Walsh donc, Wellman multiplie les séquences spectaculaires, magnifie les paysages traversés avec un noir et blanc lumineux, sacralise ses personnages principaux (ses femmes, à force d'abnégation et de courage, acquierent leur statut de self-made-woman et gagne leur ticket d'entrée dans l'Ouest Sauvage) et n'oublie évidemment pas de caser son héros avec la plus belle pépette du convoi.
blig
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le 15 oct. 2014

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