"Obstacles" de Syd Matters- pour lire en musique.


D'un côté l'homme, de l'autre la femme. Séparé par le genre ? Non, je ne pense pas. Mais par la vie, oui.


Il est rare, à l'heure de niaiseries doucereuse comme le cinéma contemporain sait si souvent nous gaver jusqu'à ce qu'on en vomisse, de tomber par hasard sur une œuvre où la romance rencontre la réalité, où chaque pas peut être un déchirement, chaque acte une erreur, chaque baiser un errements.
Hans Canosa - dont c'est le second long métrage après un très méconnu drama japonais Memoirs of a Teenage Amnesiac- signe ici un film indépendant dont le sujet ne pourrait être plus classique. Deux amants se sont perdus de vue et sont réunis une nuit, le temps d'un mariage, à New York. Début d'une belle histoire ou dernier éclat d'un brasier depuis longtemps éteint ?
Des protagonistes on ne connaîtra pas le nom, anonymes perdus dans les affres de la vie, jetant avec mélancolie un regard nostalgique sur leurs jeunes années. L'homme est incarné par Aaron Eckhart exubérant et sûr de lui, la femme par une Helena Bonham Carter désabusée et tiraillée par ses passions contraires.
Ne versant jamais dans le voyeurisme, le réalisateur nous gratifie de scènes empreintes d'une sensualité déliquescente, à l'image d'un amant qui s'empâte, d'un corps féminin vieillissant se parant d'un érotisme nouveau, malgré les cicatrices.


Si la photographie ne se démarque pas, Hans Canosa se distingue par un choix de narration originale, traduit visuellement par un split-screen permanent, rupture de l'image qui traduit la rupture du couple, la rupture passé-présent, la rupture fantasme-réalité. À ce titre le montage s'avère souvent ingénieux, par un jeu de répétition, d'allées et venues entre le désir et la réalité qui rattrape les amants, qui fait irruption par le biais du téléphone, sous la forme d'un mari, d'une petite-amie.


Rares sont les romances s'attardant sur la rupture et l'éloignement sans jamais verser dans le mièvre, Conversation(s) avec une femme fait partie de celles-ci. Court, intime, tranquille et dur à la fois, un film à ne pas manquer, qui a le mérite de passer du Carla Bruni, et de le rendre acceptable à mes oreilles.

Petitbarbu
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le 26 mai 2015

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Petitbarbu

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