Contre-jour
6.6
Contre-jour

Film de Carl Franklin (1998)

Une jeune femme dont la carrière de journaliste s'ouvre devant elle à New York, doit revenir dans la demeure familiale sous la pression de son père, un brillant homme de lettres, pour s'occuper de sa mère atteinte d'un cancer incurable. Il y a dans ce pitch absolument tout pour en faire un mélo lacrymal, pleurnichard, tant la fin irrémédiable, est annoncée assez rapidement, mais c'était sans compter le talent immense de Carl Franklin, cinéaste mésestimé et que j'aime profondément, qui prend cette matière et la transforme en merveille, chef-d'œuvre d'émotion et de retenue, servie par des comédiens extraordinaires : étonnante Zellweger, Meryl Streep, meilleure comédienne au monde, sans surprise, et William Hurt, que décidemment je ne quitte plus car il est l'un des acteurs fidèles de Kasdan dont je mène une rétrospective par ailleurs. Je dirais que ce film est aussi beau que, par exemple, Tendres Passions, autre chef-d'oeuvre du mélo dramatique, chronique d'une mort annoncée, car dans les deux cas les cinéastes ne s'appesantissent jamais sur la tristesse inéluctable de ce qui doit arriver, mais essaient au contraire de voir la vie, et sa vivacité, là où elle se niche, même en affrontant des drames pareils. Du coup le film est d'une richesse, d'une beauté et d'une émotion, qui m'a même parfois rappelé des personnages de l'écrivain Jonathan Franzen (notamment celui du père joué par William Hurt), tant ils sont complexes, riches, et jamais résumables en deux adjectifs. Je conclue avec un mot sur la mise en scène brillante de Franklin qu'on n'attendait pas sur un genre pareil, surtout que ce film arrive juste après son chef-d'oeuvre néo-noir Le Diable en Robe Bleue, et la beauté de la photographie du film, discrète mais sublime, ainsi que, et surtout, des décors magnifiques, l'air de rien, qui font exister la maison de cette famille, où se passe les 3/4 du film, comme rarement un décor de maison a été vivant, crédible, chaleureux, ayant comme conséquence de donner l'impression au spectateur de vivre à l'intérieur de cette maison, donc de partager le quotidien de cette famille, et de vivre le drame à leurs côtés.

FrankyFockers
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le 16 mars 2021

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