Guillaume Brac assemble ici deux courts-métrages en s'inspirant d'Eric Rohmer, mais en étant beaucoup moins littéraire et beaucoup plus naturel. Il s'agit de deux histoires indépendantes l'une de l'autre, avec des personnages différents, mais qui ont une multitude de points communs.


Les relations hommes-femmes avec des jeux de séduction qui fonctionnent plutôt moins bien que plus (Non, messieurs, se masturber auprès de la femme que vous voulez baiser ne vous aidera pas à conclure. La réalité, ce n'est pas comme le porno !), les gestes un peu trop entreprenants des premiers envers les secondes, avec les réactions MeToo de ces dernières incluses, le fait que cela se déroule au mois de juillet 2016 en région parisienne. Le tout est basé sur des improvisations qu'a entreprises le réalisateur avec des élèves de conservatoire (d'ailleurs, Brac réutilisera les mêmes types de comédiens dans A l'abordage avec autant de succès !), dont les personnages portent les mêmes noms (peut-être pour que les interprètes s'identifient encore plus aux rôles qu'ils incarnent !).


Je n'aurais pas été contre une ou deux histoires de plus tellement tout ceci brille par sa justesse et sa fraîcheur. Il est à noter qu'une troisième avait été tournée. Malheureusement, le réalisateur ne la trouvait pas aussi bonne que les deux autres et, en conséquence, choisit de ne pas l'intégrer. Ceci dit, c'est tout à son honneur de ne pas avoir voulu faire baisser la qualité d'ensemble de son oeuvre.


Alors, les protagonistes évoluent dans des cadres dans lesquels chacun d'entre nous pourrait évoluer et fréquentent des personnes (ayant des comportements crédibles !) que l'on pourrait croiser nous aussi. Le tout dans une ambiance estivale que l'on a forcément vécue soi-même. Oui, la banalité peut être cinématographiquement intéressante, pour ne pas dire divertissante.


Le premier sketch raconte la journée de repos de deux collègues de travail. Elles décident de la passer sur l'île de loisirs de Cergy-Pontoise. Elles vont s'y faire draguer, l'une en mode bien bourrin (quand elle dit "non", c'est non, quand elle dit d'arrêter, tu arrêtes tout de suite !), l'autre d'une manière bien plus subtile (laissant décider le spectateur ou la spectatrice s'il y a le début d'une romance ou non !).


Le second sketch nous fait partager le 14 juillet 2016 d'une étudiante norvégienne passant sa toute dernière journée à Paris avant de retourner dans son pays. Celle-ci attire les hommes que parfois elle ne peut s'empêcher elle-même de séduire plus ou moins inconsciemment, voulant toujours être le centre d'attention. Ce qui ne va pas aller sans quelques confrontations et autres engueulades. Mais en dépit de toute cette suite d'événements, paraissant immensément bien dérisoire à côté de ce qui se passe le même jour à Nice, la vie continue...


Aucun des deux n'est inférieur ou supérieur à l'autre. C'est un petit exploit qui mérite d'être souligné pour un film à sketchs (bon, c'est sûr qu'en se limitant à deux, on limite considérablement les risques !). À regarder ces Contes de juillet, on en vient à apprécier l'été (avec des températures raisonnables évidemment !).


Plume231
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le 28 août 2022

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Plume231

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