Les réguliers scandales de mœurs éclaboussant l'Eglise sont prompt à jeter l'opprobre sur l'Habit. C'est un fait incontestable, et toutefois, le film essaye d'aller plus loin, en allant dans la direction du progressisme des institutions. C'est cet aspect qui m'a lors convaincu du bien-fondé de sa démarche, car il n'a pas la haine de l'habit contrairement à beaucoup de détracteurs (dont cette souillure qu'est Au nom du fils). Un prêtre est ici un guide spirituel et un esprit dévoué aux autres. Toutefois, les scandales de moeurs (re)posent la question du célibat des prêtres. Question légitime et ici plutôt habilement introduite sous l'angle des prêtres séropositifs sur lesquels la hiérarchie fait pression pour ne pas qu'ils prennent de traitement.


L'autre angle d'attaque du film, celui qui m'avait pour ainsi dire amorcé, et celui d'un jeune prêtre exclu du séminaire par une accusation d'homosexualité (infondée ici). Elle a moins de portée, mais a tendance à souligner un fonctionnement très militaire (et donc autoritaire) de l'Eglise peu approprié pour la vocation spirituelle initialement visée. On suit alors le combat de ce jeune pour la réhabilitation, entre pressions familiales (de beaufs agressifs, difficile de croire que ce jeune ait envie d'aider les autres, ou a lors est-ce une fuite en avant) et la réticence du directeur du séminaire.


Le film montre alors des prêtres progressistes et des prêtres rétrogrades forcés d'agir ensemble. Les dissidences dans l'Eglise sont ici soulignées, avec davantage de concessions des progressistes aux conservateurs généralement plus vieux, tout en étant conscient de la crise énorme qui met l'Eglise à l'agonie en occident. Le combat que le film souligne pour une mise à jour du catholicisme est à la fois pertinent est bien amené.


Ttoutefois, le film a une vocation cinématographique assez modérée. Quelques petits effets de style, une réalisation classique et une direction d'acteurs impliqués assurent une base solide. Sur les chantages et autres manipulations organisées par les Eminences et autres gradés des cols romains, je prendrai un peu de distance (le coup de l'enlèvement est toutefois suffisamment vicieux pour m'avoir convaincu). Mais dans le fond et la forme, Conspiracy of silence s'avère être un film intéressant, qui derrière les scandales cherche à améliorer les choses sans prôner la mort du culte.

Voracinéphile
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le 30 janv. 2016

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