Conan est grand, vive Conan !
Enfant, Conan voit son peuple et sa famille massacrée sous ses yeux par Thulsa Doom. Devenu esclave, il le restera jusqu'au jour du combat pour sa liberté...
L'heroic fantasy est un genre passionnant, foisonnant d'idées, développant immédiatement l'imagination du spectateur, se permettant tout et n'importe quoi sur les variations des plus grands mythes. La dernière référence du genre, c'est bien sûr la magnifique trilogie du "Seigneur des Anneaux", de Peter Jackson. Le après "Seigneur..." reste encore à voir. Le avant "Seigneur...", c'est ce grand film, "Conan le Barbare". Car John Milius arrive à tout faire avec "Conan le Barbare". Il insuffle à son film un souffle épique incroyable, et exploite son personnage en ajoutant l'essence même du cinéma : celui du temps. En une seule scène, il fait grandir son "Conan" de vingt ans, en fondu enchaîné, faisant défiler les années en moins d'une minute. Le reste est tout aussi grandiose, tout aussi intemporel, à l'image du film. Arnold Schwarzenneger incarne à merveille ce barbare, avec, paradoxalement, une certaine finesse de jeu tout à fait étonnante. Quant aux personnages secondaires, ils viennent compléter un tableau mythique sans lesquels "Conan le Barbare" n'aurait pu être considéré comme une grande fresque. Ce que le film est, aujourd'hui ! Mais le plus important reste encore à venir : au-delà de l'esthétique léchée du film et sa profondeur de scénario et de personnages, on y trouve aussi une Bande Originale tout à fait magistrale. Certaines scènes sont illuminées par la musique ensorcelante attribuée et donnent tout le ton et le souffle grandiose au film de John Milius.
Bref, du grand art, romanesque, bourrin, pour un concentré d'aventures héroïques comme on n'en voit peu - et surtout - qu'au cinéma. Tout ce que n'a pas, hélas, son remake (ou "revival" selon son réalisateur) de 2011. Du film de Milius, Marcus Nispel n'aura gardé que ses belles images et l'ombre du mythe, forcément passionnante, sans en apporter la grandeur...