Dès qu'on empoigne une épée (surtout par le mauvais bout), gueuler comme un bourrin...

Ah, ce petit rigolo de Marcus Nispel. Il avait de belles promesses… « Vous inquiétez pas, je n’essayerai pas de faire un remake de l’original, il est juste trop génial… » Et par quoi ça commence ? Une intro ultra cheap (vraiment, les incrustations d’explosions font peine) et la naissance de Conan jusqu’au carnage de son village… Mais on vous dit que non, ce n’est pas un remake… Si encore Nispel respectait un minimum l’univers posé par Milius (ou au moins celui d’Howard…)… Même pas. Si on ferme les yeux pour la naissance en plein champ de bataille avec le père qui éventre la mère pour sortir le gosse, les incohérences ne tardent pas à pleuvoir. Conan apparaît dès son premier fait d’armes non pas comme un guerrier, mais comme un putain de psychopathe incontrôlable, qui décapite 4 guerriers barbares à mains nues sans avoir fait plus que s’entraîner en solo pendant son temps libre. Un boucher, qu’on vous dit. S’ensuit alors le carnage du village, infiniment moins choquant que dans l’original, où on tente de nous faire croire que 20 types déguisés en archers tirent des nuages de flèches comme dans Hero. Là a lieu l’exécution du père de Conan, attaché à un chaudron de métal incandescent. Mouais… Ce que la fout clairement mal, c’est que le méchant qui est ici ne vient pas pour les épées. Il n’en a rien à foutre, de l’acier (un truc qui ne pardonne pas), il est là pour un bout de masque carrément ridicule servant à soi-disant invoquer des démons. Et ou il est planqué ? Sous le plancher ! Nan mais vraiment ! Dans une forge, ce qui est précieux est toujours rangé dans un compartiment sous le foyer, lieu impossible d’accès pendant une bonne partie du temps. Et ici, ils foutent juste l’artefact le plus puissant du coin sous une planche pourrie, découverte en 5 minutes par une espèce de gothique chauve qu’on espère nous présenter comme la sorcière la plus maléfique du coin. Bref, rien que dans la genèse, c’est pétri d’incohérences, je ne vous dis pas quel sentiment j’éprouve quand j’apprends qu’après ça, Conan se barre et vit de rapines pendant 20 ans… Pardon ? Et ses 20 ans de bagne où il développait des putains de muscles ? Y a pu ! A partir de là, on en vient au cirque. Conan attaque des marchands d’esclaves, libère les esclaves et met les voiles vers un port… où il les abandonne à la première occasion.

Le gros problème de Marcus Nispel, c’est qu’il a du mal à faire la différence entre « épique » et « boucherie ». Pour lui, un barbare doit faire pisser au moins dix litres de sang à chaque coup, c’est à ça qu’on voit que c’est un barbare. Mais une mort brutale ne change rien à l’ambiance de la scène. Si elle nous faisait mourir de rire par ses dialogues ineptes et téléphonés, nous mettre un gros plan où le vin rouge gicle ne va pas arranger les choses. Plus encore, le film foire totalement ses sortilèges, se montrant totalement incompétent dans la gestion de ses hommes des sables. Un coup ils disparaissent, un coup il y en a plusieurs qui sont touchables, un coup ils lancent des armes qui sortent d’on ne sait où… Ils auraient vraiment du être sobres là-dessus (mention spéciale à la scène où la pouffe tombe d’un échafaudage et un homme des sable tombe de la même hauteur, sauf qu’elle survit et que lui éclate).

Enfin, on en vient au point impardonnable : celui des femmes. Conan the barbarian (le vrai) leur laissait largement leur chance, en prenant pour héroïne Valéria, un joli brin de femme qui n’était peut être pas un canon de beauté, mais qui vous en retournait une si vous la regardiez de travers. Ici, dehors les moches aux gros bras, bienvenus les planches à pain hollywoodiennes. Avec des filles fluettes qui ressemblent toutes à des mannequins pour sous vêtements sans sous-vêtement (mais bon, le téton, ça fait barbare…), Conan 2011 prouve bien que si vous n’avez pas de couilles, vous le valez pas grand-chose. Tout au plus un pas mal si vous arrivez à buter un petit garde. Avec une héroïne insupportable qui gueule dès qu’elle fait une action, on tient ici une gentille concurrente d’Olivia D’a Bo, qui casse plus les couilles qu’elle ne les vide (la scène érotique sur la paille sera d’ailleurs particulièrement anecdotique). On rajoute à ça un montage à la mode House of the dead, à savoir frénétique et découpé à la hache, filmé caméra à l’épaule avec une image retouchée en mode couleurs chaudes. Même Prince of Persia parvenait à faire mieux.

Toutefois, on aura de la compassion pour l’acteur de Conan, Jason Momoa, qui incarne plutôt bien ce cimmérien (dommage toutefois qu’il parle tout le temps). Bref, c’est bien triste, on a l’impression que les producteurs nous voient comme des primaires qui lèvent leur pinte dès que le sang gicle et qu’on rigole en jouant du coude dès qu’une poitrine arrive dans notre direction… Outre l’insulte faite à la saga (Conan le destructeur en passerait pour un chef d’œuvre), ce spectacle d’une vulgarité suffocante est une sonnette d’alarme qui nous met clairement en garde contre les prochaines tentatives de Nispel et pour l’héroïc fantasy au cinéma, qui risque clairement de battre de l’aile si on continue sur cette pente. Et quand on a le choix entre ça et les aventures pour gosses fans de Naheulbeuk The Hobbit, on se dit que l'héroïc fantasy est un peu morte, non ?
Voracinéphile

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5

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