(Cette critique contient de nombreux Spoilers)


Il s’époumone, il hurle, enflamme sa gorge. Vincent (Kévin Azaïs) est chanteur dans un groupe de Post-Hardcore. Une passion ? Plus un défouloir. Un endroit qui lui permet d’exprimer sa rage et d’expulser sa colère, bien trop présente et recluse en son être. Ses cris scandés font office de catharsis libératrice face à ce trop plein jusque-là conservé en sa chair. Pourquoi tant de hargne ? Tant de blessures ? La réponse se dévoile une fois rentré chez lui. Ou plutôt, pour être exact, chez son père qui ne manque pas de lui notifier.


Ce père (Nathan Willcocks), veuf de son état, vient de retrouver une compagne prénommée Julia (Monia Chokri). Un père exigeant, sûr de ses convictions qui n’hésite pas à en faire prêche. Mais surtout généreux en reproches envers son fils. Tout est prétexte à rabaisser sa progéniture. Que ce soit via de petites piques ici et là, ou bien ce point d’orgue qu’est la scène du dîner. Un dîner tout en tension avec Julia en spectatrice atone. Cette dernière ayant toujours le regard fuyant et un tempérament empreint de passivité (au concert, dans le supermarché où elle travaille, …). La scène permet d’être convaincu que la photographie et la mise en scène sont au service de l’histoire. Tout au long du film les sentiments prévalent et la réalisation, sobre, évite la contemplation. C’est fluide même si les intentions sont parfois trop appuyées.


Lorsqu’il s’agit de s’amuser par surprise avec un simple jet d’eau, le fils gagne par KO et par excès, au détriment des règles tacites. Que ce soit pour vendre du poisson avec son père sur le marché, ses talents de commercial et de bienveillance éclipsent totalement la présence du patriarche relégué en simple spectateur aigri. Vincent gagne.
Œdipe est résolu. Le voit-il ? Qu’attend-il alors ? Un simple mot venant de son père. Un témoignage d’amour. Un « je t’aime » quémandé du bout des lèvres. Mais tout ce qu’il obtient comme réponse c’est à nouveau une demande expresse de partir du foyer.
Las et toujours sur les nerfs, à fleur de peau, c’est lors d’une ultime réunion des trois protagonistes, qui se fera dans la chambre du père, que la confrontation se fera plus directe et paradoxalement en douceur. L’enjeu ? Remporter l’amour de Julia.
Mais pour Vincent, est-ce un amour véritable, se prouver sa capacité à séduire après tant de rabaissements ou bien simplement conquérir « le bien » de son père ?
Qu’importe puisqu’au final, après cette nuit victorieuse, les larmes coulent.

penumbra
7
Écrit par

Créée

le 14 mai 2018

Critique lue 220 fois

1 j'aime

penumbra

Écrit par

Critique lue 220 fois

1

D'autres avis sur Compte tes blessures

Compte tes blessures
eloch
8

Oedipe reine

Dès la première scène de Compte tes blessures, sorte de cri blessé d'un jeune chanteur tatoué, on se souvient que Morgan Simon, dès ses premiers courts métrages, n'a jamais cherché à être aimable...

le 31 janv. 2017

14 j'aime

Compte tes blessures
Elem
5

Cons, tes blessures

Je suis sortie mitigée de ce film, où j'ai vu se cottoyer du mauvais et de l'excellent. Pour moi, l'histoire est trop creuse, devinable dès les premiers instants, et en même temps, les personnages...

Par

le 21 janv. 2017

11 j'aime

2

Compte tes blessures
EIA
3

"Pourquoi, pourquoi tout ça n'arrive qu'à moi?"

( Paie ton titre, spéciale dédicace à Sandy Valentino et son formidable "Pourquoi" qui hantait mes compétitions d'équitations l'année de mes dix ans. SI toi aussi tu veux te faire du mal c'est par là...

Par

le 7 févr. 2017

10 j'aime

7