Je me souviens avoir vu ce film en avant première, en 1996, et il m'avait bouleversé. A la sortie, on avait vu Desplechin et Amalric qui fumaient des clopes dehors, et on était allé leur parler. Un de mes amis leur avait dit un truc qui résume parfaitement ce que je pensais du film : "Vous racontez la vie de jeunes trentenaires bourgeois, parisiens, brillants universitaires. Moi, je suis lyonnais, fils d'ouvrier et je n'ai pas fait d'études, et pourtant j'ai l'impression que vous venez de raconter ma vie".
Presque 20 ans plus tard, j'ai du voir ces trois heures de film une bonne dizaine de fois, et il est toujours aussi juste, aussi précieux, il m'émeut avec toujours autant de délicatesse, de précision et de mélancolie.
C'est l'un des films les plus singuliers, les plus amples et les plus ambitieux qu'ait offert le cinéma français post Nouvelle Vague.
Je l'ai revu là, suite à me revision de Dieu Seul me voit de Podalydès.
Car ces deux films, sortis quasiment en même temps, sont quasiment les mêmes. Enfin, disons qu'ils sont les deux faces d'une même pièce. Le Podalydès en est le versant joyeux, le Desplechin le versant sombre. Mais les deux films racontent exactement la même histoire, soit les doutes et questionnements d'un jeune intellectuel parisien qui arrive à la trentaine. Les deux hésitent entre trois femmes distinctes. Les deux ont un métier qui n'est pas celui qu'ils ont envie d'exercer. Les deux ne sont plus des enfants, plus des ados, mais se refusent à entrer de plain-pied dans l'âge adulte. Et les deux films sont de long films-fleuves, chapitrés, durant plusieurs heures, et coulent en nos veines comme d'ambitieux romans. Comme si cela ne suffisait pas, les castings présentent de nombreux points communs : Mathieu Amalric, Denis Podalydès (les deux héros se retrouvent chacun dans le film de l'autre), mais aussi Jeanne Balibar (qui est une des trois femmes désirées dans les deux films) ainsi que plein de seconds rôles comme Philippe Duclos ou encore l'acteur dont j'ai oublié le nom et qui joue le maire aux prises ratées chez Podalydès et un curé du Diocèse dans le Desplechin. Ce ne peut pas être un hasard, c'est impossible. Et revoir les deux films à la suite est une expérience enrichissante.
FrankyFockers
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le 25 juin 2013

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