Crescendo à la violence sourde qui éclate dans un final saturé de rouge électrique et de zones d'ombres, un final bouquet tel que Minnelli adorait les parfaire, mêlant le brutal et le tendre, le sacré et le profane, la blancheur d'une robe de mariage à la noirceur d'une arme à feu.


En sacrifiant Shirley McLaine (Ginny Moorhead) sur l'autel du technicolor, c'est bien l'amour qu'on assassine, l'amour de la légende, celui qui ne demande rien, celui qui est tout et qui donne à tout sa valeur et sa vérité.


Comme un torrent se nourrit de l'Amérique provinciale, de ses hypocrisies et de ses aspirations pour en donner un tableau presque parfait, saisi au vif comme une œil halluciné par la vérité qu'il délivre, comme une oreille en mal d'opéra tragique.




Revu 24.11.2021
Copie 35mm (magnifique sensation)


Petites notes :
Forces en présence et montées en intensité, montagnes russes du sentiment (--> fête foraine) :
Le jour et la nuit, Dr Jekyll & Mr Hyde, la sobriété et l'alcool, la bonté et la méchanceté (dans la voix de l'autre et dans le regard), la bourgeoise et la putain - l'instabilité foncière de l'être humain (Dave Hirsh) canalisé uniquement par la sainteté de Ginny (l'amour, le don de soi, ne pas se mettre dans le chemin (de Miss French), ne pas gêner mais se mettre sur le chemin de l'arme à feu pour protéger celui qu'elle aime...).


Regard de Ginny Moorhead sur Rosalia, prostrée, quand Bama (Dean Martin) vient d'être poignardé.


Scène de la chambre d'hôtel : autant de couleurs musicales que de gestes. 5, 7 ? ruptures d'orchestration voire de style musicaux en une minute trente, deux minutes... Opéra.


Autres films particulièrement insistants sur ces vagues (et sur le passage brutal du creux au haut de la vague, et inversement) : Pierrot le fou.

JM2LA
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 13 oct. 2015

Critique lue 444 fois

1 j'aime

JM2LA

Écrit par

Critique lue 444 fois

1

D'autres avis sur Comme un torrent

Comme un torrent
Artobal
9

Ivre d'infâme et d'écriture

J’ai frémi l’autre jour en tombant dans une critique du film sur le qualificatif de "superficiel". Si ce film a quelque chose de superficiel ça ne peut être que la structure du mélodrame dont il...

le 23 févr. 2014

33 j'aime

7

Comme un torrent
Watchsky
9

Some Came Running

Après des années d'errance, l'écrivain Dave Hirsch revient dans sa ville natale de Parkman... Avec Comme un torrent, le réalisateur Vincente Minnelli réalise un mélodrame poignant et dresse le...

le 5 mars 2017

10 j'aime

2

Comme un torrent
estonius
5

Un scénario trop bancal

Une direction d'acteurs sans fautes, (on oublie souvent le rôle magistral de Martha Hyer), une réalisation efficace (l'avant dernière scène dans la fête foraine est assez fabuleuse) Là où ça va...

le 14 déc. 2018

7 j'aime

5

Du même critique

Le ciel est à vous
JM2LA
10

Le plus pur chant du cinéma occupé

Revu récemment le 6 juillet 2011 sur écran d'ordinateur mais surtout le 18 et le 20 mai 2014, en salle. Toute la grandeur du film ne m'est apparue d'ailleurs que sur grand écran... en projection...

le 12 sept. 2015

12 j'aime

Le Plein de super
JM2LA
9

Critique de Le Plein de super par JM2LA

Film masculin au possible, proche de la grossièreté souvent et pourtant porté par la grâce du jeu... Cavalier réussit un pari unique, celui d'une collaboration étroite avec ses acteurs qui, si mes...

le 2 oct. 2015

11 j'aime

Le Fils de Joseph
JM2LA
9

La main de la comédie a retenu celle de la tragédie : miracle. Et le style a suivi la main.

La vraie comédie est-elle évangélique ? C'est ce que semble prouver (ou vouloir montrer) le Fils de Joseph. En quoi ? En résistant à l'appel du meurtre, du règlement de compte. Comment ? Au lieu de...

le 8 mars 2016

10 j'aime

1