Visiblement conscient qu'un succès populaire ne peut pas faire de mal, le cinéaste Fabrice Du Welz délaisse momentanément son cinéma déviant et très particulier pour répondre à l'appel du producteur Thomas Langmann désirant lui confier les rênes d'un polar brutal sorti tout droit de l'imagination d'un jeune scénariste, Fathi Bediar.


Sauf qu'une fois le tournage commencé, Thomas Langmann fait marche arrière, se désintéresse du projet et réduit considérablement le budget, occasionnant du même coup des coupes franches dans le scénario. Poussé vers la sortie par ses deux têtes d'affiches, Gérard Lanvin et JoeyStarr, Fabrice Du Welz prend la porte, remplacé par le yes-man attitré de Langmann, Frédéric Forrestier. Rafistolé en dépit du bon sens, le film mettra deux ans à sortir sans grandes pompes et subira un cuisant échec.


Partant d'un point de départ séduisant (un armurier talentueux planche sur un nouveau type de balles extrêmement puissantes avant de se faire entuber), Colt 45 ne peut cacher bien longtemps ses conditions houleuses de production. Bien trop court, le film enchaîne mécaniquement les séquences, laissant des trous béants dans sa narration. Le scénario ne ressemble plus à grand chose, et il est difficile de savoir si tout cela est dû aux coupes budgétaires ou si le script était déjà aussi mauvais à la base.


Réunissant un sacré paquet de gueules (Simon Abkarian, Jo Prestia, Alexandre Brasseur, Philippe Nahon...), la distribution est scandaleusement sous-exploitée et ne brille à aucun moment. Le jeune Ymanol Perset manque clairement de charisme pour un tel rôle, Gérard Lanvin semble se faire chier comme un rat mort et JoeyStarr cabotine dans le peu de séquences qu'il a à sa disposition.


De cet immense gâchis, ne surnagent que la superbe photographie de Benoît Debie et quelques embryons de scènes laissant entrevoir ce qu'aurait pu être Colt 45, un polar nerveux et violent, sans concessions et noir au possible. Suite à cette douloureuse expérience, Fabrice Du Welz s'en ira tourner à moindre frais Alleluia... son film le plus abouti à ce jour.

Gand-Alf
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le 11 août 2015

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