Fish oh mon fish... Quand t'as un p´tit creux, prends dans ta poche un fish ou deux

Comme dernière épopée de mon parcours au festival du film Coréen, Collective Invention avait pour but d'être ma recréation. J'en avais vu une bande annonce le matin même et l'œuvre m'apparaissait déjà comme un énorme délire absolument tordant. Quelle fut ma surprise de constater, qu'au delà de l'absurdité de parler de la vie d'un homme-poisson, le film était à ce point tragique.

Qu'on se calme de suite, le sujet prête à rire, surtout lors des premiers instants. Le tout se veut léger, poilant et superbement ironique. Puis vient la réalité : vivre avec une tête de poisson quand on est né homme...et bien...comment dire...ce n'est pas toujours facile. Il y a le regard des autres qui peuvent en un claquement de doigts te porter en triomphe comme un meme rigolo sur le net, comme cramer des effigies de ta personne. Le monde est ainsi, il se rit de la nouveauté et craint la différence, la fraîcheur qui aurait perdu son efficacité. Le film fonctionne de la même manière : passant de l'humour il se confronte au drame en évoquant certaines tares de la société Coréenne.

Collective Invention est l'histoire de Gu, un type présenté comme des plus lambda qui, des suites d'un essai médicamenteux, s'est changé en homme-poisson. Depuis, Gu vit reclus, trouvant de l'aide en Jin, une jeune femme pétillante ainsi qu'en un journaliste chargé de filmer un documentaire sur le phénomène. A la recherche de la vérité sur l'apparence de Gu, nos héros vont se heurter à une terrible machination qu'il faudra abattre. En effet, de ce que je peux révéler de l'affaire, le médicament pris par l'homme-poisson servait à une grande entreprise de recherche médical pour synthétiser une nourriture capable d'endiguer la faim dans le monde, d'allonger l'espérance de vie et j'en passe et des meilleurs. Un procès se lance alors, opposant le rêve d'égaler le divin à une victime de ce fantasme.

Si le film brasse les arguments en faveur d'une certaine reconnaissance de la différence, c'est dans ce procès houleux que l'intérêt est total. On s'aperçoit à quel point la Corée, se présentant elle même comme le parent pauvre de l'Occident, souhaite exister, briller. Peu importe les pots cassés tant que le pays surpasse ses pairs.

Je n'en dirai pas plus tant l'arc final s'avère très malin, et finirait en expliquant seulement que Collective Invention est une œuvre intéressante, que l'émotion est présente et le moment, fortement appréciable.