Triangle amoureux de l'après guerre, The aftermath nous fait voir les ravages de la seconde guerre mondiale et le deuil universel et intemporel de l'être cher. Romance sous fonds historique, malgré un classicisme éreintant, Coeurs ennemis touche sa cible.
Rachel, notre héroïne, rejoint Hambourg en 1946 aux côtes de son mari Lewis, officier anglais muté pour mettre en place la paix, stabiliser la ville et éradiquer les derniers dissidents nazis de la région. Sa mission s'avère bien évidemment des plus difficiles. Les journées s'étirent pour Rachel qui erre, l'âme en peine, dans la propriété qu'ils occupent. A la douleur de la perte de son fils, sa culpabilité et sa solitude fait écho la présence des anciens propriétaires allemands de la maison, le beau Lubert et sa fille Freda, reclassés à l'étage. Entre crainte et reconnaissance, Rachel se rapproche dangereusement de Lubert.
SPOILER : Par bien des aspects, Coeurs ennemis s'avère l'un des films les plus consensuels qui m'ait été donné voir. Les éléments structurants de l'histoire sont d'une simplisme et d'un conservatisme bien souvent affligeants. Le parallèle entre la douleur de Rachel ayant perdu son fils et celle de Lubert ayant perdu sa femme dans les bombardements se veut mettre en lumière les ravages sans frontière de la guerre et l'humanité des camps ennemis. Son couple en crise et son sentiment de culpabilité aidant, Rachel voit dans Lubert son double et s'imagine le temps d'une parenthèse anesthésiante le mirage d'un futur avec lui. Pour autant, film à l'américaine oblige et bonne décision aidant, après des scènes de séparation déchirantes (2 pour le prix d'1, c'est les soldes) et moult de larmes, Rachel finit par retourner dans les bras de son cher et tendre mari. Bien évidemment, notre héroïne, grande sauveuse des causes perdus, privilégie son amant de toujours, brisé par la guerre et la perte de leur fils, à la brève tentation pansement du très athlétique et désirable allemand. Autant dire que dans cette histoire, tout le monde il est gentil. La grandeur d'âme de Lewis frappe. Lubert n'était bien évidemment pas affilié au nazisme. La jeune Frida, jeune adolescente, manque tout simplement de jugeotte. Et bien sûr à la fin c'est quand même le couple anglais qui en ressort le plus uni.
Mais alors après avoir dit tout ça, pourquoi aimer ce film ? Ben tout simplement parce qu' en dépit de son scénario convenu, de sa mise en scène insipide et de sa réalisation classique et sûrement grâce également à tous ces lieux communs, le film est poignant. Les larmes et grimaces de Keira Knightley parviennent encore -comment est-ce possible ?- à faire leur effet. Et puis on est bien content que Rachel finisse par se rendre compte de la souffrance de son mari et de sa bonté. Mon petit coeur tout mou est décidément trop sensible.
Au diable le snobisme. Laissons -juste pour cette nuit, rien qu'une nuit- sortir la midinette qui est en nous.