Le grandiose réalisme de la décadence scénaristique

Cobra Verde pourrait être un nom de lieu aussi bien que celui de l'homme incarné par Klaus Kinski pour sa toute dernière collaboration avec Herzog. Un lieu en lequel on ne peut pénétrer sans franchir un dangereux portail portant l'écriteau « attention post-synchronisation méchante ». Une fois entré, on admire les paysages qui défilent de part et d'autre de l'allée : Colombie, Brésil, Ghana... Herzog a une fois de plus joué au globetrotter, pour la plus grande joie de ses cadrages comme de nos yeux. Ici une statue de Kinski, là une de Da Silva, ici une de Cobra Verde, là une d'Adjinakou. Qui sont-ils ? Toujours Kinski, parbleu !


Il ne faudra pas s'étonner de le voir rancheur, puis bandit, puis contremaître, puis marchand d'esclaves, puis commandant, alors qu'il va de pays en pays ; la crédibilité de l'acteur, dont on sait qu'elle débordait dans la vie réelle au point, notamment, d'exaspérer le directeur de la photographie, sert de liant à son personnage, mais cette aura ne s'étend pas sur le reste de l'histoire, témoignant d'une faiblesse handicapante. Les Brésiliens parlent allemand, les Ghanéens n'en sont pas, ils parlent aussi allemand, sauf pour les chants traditionnels (par ailleurs tout à fait qualitatifs). C'est le bazar et c'est mal pensé.


Il n'y a pas de substance dans chacune des incarnations de Kinski, et les rôles des Noirs se résument en apparence à une vaste mascarade. Ce n'est toujours pas ce film qui infirmera la présomption que Herzog a sacrifié la qualité de ses films en profondeur en allant chercher les richesses d'horizons lointains, même si le résultat est de toute beauté.


Quantième Art

EowynCwper
5
Écrit par

Créée

le 1 oct. 2018

Critique lue 354 fois

Eowyn Cwper

Écrit par

Critique lue 354 fois

D'autres avis sur Cobra Verde

Cobra Verde
Morrinson
6

"The slaves will sell their masters and grow wings."

En dépit d'un doublage anglais assez horrible dans la version originale, grignotant lentement mais sûrement une grande partie de la patience dont on peut faire preuve, la dernière triple image du...

le 15 févr. 2018

9 j'aime

5

Cobra Verde
Rvd-Slmr
5

Critique de Cobra Verde par Rvd-Slmr

Menu/ Versions/ Version originale anglaise stéréo, ok, je clique... Quoi ? Je reclique Menu/ Version/ et suis forcé de constater qu'il y a bien écrit « Version originale anglaise stéréo ». Un espoir...

le 7 mars 2011

4 j'aime

Cobra Verde
Kolibribus
8

Herzog/Kinski à la vie à la mort

Certes, Cobra Verde n'a pas la grandeur d'Aguirre mais le tandem Herzog/Kinski demeure encore et toujours efficace. L'un est toujours aussi fou furieux dans ses interprétations et l'autre toujours...

le 26 nov. 2018

3 j'aime

Du même critique

Ne coupez pas !
EowynCwper
10

Du pur génie, un cours de cinéma drôle et magnifique

Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...

le 25 oct. 2018

8 j'aime

Mélancolie ouvrière
EowynCwper
3

Le non-échec quand il est marqué du sceau de la télé

Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...

le 25 août 2018

7 j'aime

3

La Forêt sombre
EowynCwper
3

Critique de La Forêt sombre par Eowyn Cwper

(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...

le 16 juil. 2018

7 j'aime